C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Palais Garnier)

(Crédit Photo : Opéra deParis)
Die Zauberflöte

(La Flûte Enchantée)

Wolfgang Amadeus MOZART

Die Zauberflöte
Tamino : Paul Groves
Pamina: Barbara Bonney
Papageno: Franck Leguérinel
Königin der Nacht: Elena Mosuc
Sarastro: Kurt Moll
Monostatos: David Cangelosi
Der Sprecher: David Wilson-Johnson
Erste Dame: Cécile Perrin
Zweite Dame: Helene Schneiderman
Dritte Dame: Cécile Van de Sant
Papagena: Gaëlle Le Roi
 
 

Orchestre et Choeurs de L'Opéra National de Paris
Direction Armin Jordan
Mise en scène : Benno Besson
Décors et costumes : Jean-Marc Stehlé

Opéra Garnier, 6 juin 2002



Après la flûte enchantée de l'Opéra Bastille, la direction de l'ONP nous propose une production dans le cadre plus intime du Palais Garnier, et d'une facture moins perturbante que celle de Bob Wilson. Nouvelle production ? presque, puisque les grèves de l'an dernier avaient empêché la majorité du public de profiter de la mise en scène.
On sent d'ailleurs sur scène la fébrilité d'une véritable première : nervosité des chanteurs, petits ratages de la mise en scène : la reine de la nuit accroche son costume à un élément de décor, les colonnes à transformation restent coincées... c'est ce qui fait la vie d'un théâtre, et qui rend la représentation plus attachante encore.

L'orchestre, sous la direction d'Armin Jordan, est survolté, et fait entendre un son splendide. L'ouverture, rapide, vive et légère, est tout simplement magnifique. Il y aura bien par la suite des décalages de ci de là, mais ils seront rapidement maîtrisés par le chef.
La mise en scène est un régal, dans l'optique de conte de fée adoptée par Benno Besson. La direction d'acteurs est toujours juste et colle parfaitement à la musique. Elle fourmille aussi de jolies trouvailles : la première apparition de la Reine de la Nuit, dans une immense toile bleue qui se gonfle et sa disparition à la fin de son air, comme aspirée dans les profondeurs, son explosion à la fin du deuxième acte, sont mémorables. 

Les costumes ont été revus depuis l'an dernier, ce qui a permis d'éliminer certains éléments un peu ridicules, tels que le turban de Tamino ou la robe à paniers de Pamina. Cette année, la robe blanche, à la fois simple et sophistiquée, sied à merveille à Barbara Bonney, qui sera ainsi la plus belle des Pamina, physiquement et vocalement. Les déguisements des animaux charmés par la flûte et des lions de Sarastro sont de petites merveilles de goût et d'inventivité.
On sent dans les décors de Jean-Marc Stehlé la même inspiration que dans ceux qu'il avait créé pour le récent Idoménée du Palais Garnier, sauf que ces derniers, d'un kitsch effroyable, appelaient irrémédiablement le fou-rire, tandis que ceux-ci sont d'une belle poésie : une forêt unidimensionnelle en carton, un rideau comme celui du Palais Garnier, mais entremêlé à un arbre, d'où dépasse la branche à laquelle Papageno veut se pendre... C'est bien la preuve qu'une bonne mise en scène est une réussite d'équipe.
De la même façon, la somme des talents des chanteurs surpasse leurs mérites individuels, car mise à part Barbara Bonney, avec un timbre qui a gardé toute sa fraîcheur, aucun n'est franchement exceptionnel. Bons, solides, mais surtout formant une équipe soudée et homogène : c'est tout le prix de cette soirée.

Ainsi, détailler les prestations de chaque interprète ne leur rendra pas justice. Notons seulement que les trois dames ne chantent pas très juste, que Paul Groves, superbe Admète face à Ann-Sofie Von Otter il y a deux ans, force beaucoup trop et manque d'élégance, que Franck Leguerinel est un solide et idiomatique Papageno, et qu'Elena Mosuc, visiblement handicapée par le trac démarre mal ses deux airs pour les terminer bien mieux. Cela ne rendra pas compte de la joie et de l'émerveillement que l'on ressent face à cette flûte enchantée, dont on espère déjà de nombreuses reprises.
 
 

Catherine Scholler
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