C  R  I  T  I  Q  U  E  S

les concerts de Forum Opera


Théâtre Royal de la Monnaie - Bruxelles

Ein Jugendstil Lieberabend

Dietrich Henschel, baryton
Helmut Deutsch, piano 

(15/09/01)

ERICH KORNGOLD
Drei Lieder, Op.22

ROBERT GUND
Der einsame Peter
Abendständchen
Nichts
Heimkehr

HANS PFITZNER: 4 Lieder, Op.5

GUSTAV MAHLER
Wo die schönen Trompeten blasen
Zu Strassburg auf der Schanz
Lied des Verfolgten im Turm
Nicht Wiedersehen Revelge
Ablösung im Sommer - Ich ging mit Lust 
Um schlimme Kinder artig zu machen
Wer hat das Liedlein erdacht
Lob des hohen Verstandes
ich bin der Welt abhanden gekommen

Un baryton superlatif




Dietrich Henschel entre en scène, droit, fier, ses traits sont tirés il a tout - physiquement - de l'idée qu'on se fait d'un chanteur allemand des années quarante. Helmut Deutsch pose ses mains sur le piano et commence à jouer. Un grand moment de musique va avoir lieu, personne n'en doute. A programme, des compositeurs allemands de ces deux derniers siècles : Korngold, Pfitzner, Gund mais aussi et surtout Mahler. Un programme d'une uniformité parfaite. L'art de Dietrich Henschel n'est que réserve, subtilité et classe, sa voix - incontestablement - rappelle celle Fisher-Dieskau, avec qui il a suivi des cours. Quand on l'interroge sur cette comparaison qui lui revient sans cesse, sa réponse est évidente : " Dietrich Fisher-Dieskau a tout chanté et très bien, il est inévitable quand on est un baryton d'être comparé à lui, en bien ou en mal. Les pianistes souffrent du même symptôme avec Richter. C'est ce à quoi doit s'attendre une génération qui arrive après deux pareils monuments. " Au delà de la comparaison pure il y a une " manière de faire " qui rappelle le maître, cette succession de graves et de détimbrements élégiaque, par exemple. Evidemment il est nécessaire de parler d'identité, car Henschel n'a rien d'un clone de Fisher-Dieskau, il en partage certaines qualités, comme celles d'un héritage de chant parfaitement assumé et qui aujourd'hui s'impose certainement comme une référence incontestable. Ce qui surprend dans ce programme c'est l'aisance, l'aisance extraordinaire de l'intensité inhumaine de Revelge aux vocalises presque baroques de Wer hat dies Liedlein erdacht ?. Henschel est aujourd'hui un des meilleurs interprètes de Mahler, ses lieder du Knaben Wunderhorn exécutés hier avec une telle aisance, une telle émotion sont là pour en attester. Il ne donnera qu'un seul bis, qu'il dédiera très sobrement " aux morts et à la paix ", un bouleversant Ich bin der Welt abhanden gekommen qui ne fit pas pleurer que moi. 
 
 

Hélène Mante

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