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Liège
(Opéra Royal de Wallonie)
HERODIADE
Jules Massenet
Direction musicale : Jacques Lacombe
Mise en scène : Jean-Louis
Pichon
Décors : Alexandre Heyraud
Costumes : Frédéric
Pineau
Chorégraphie : Thierry Malandrain
Lumières : Michel Theuil
Hérodiade : Kathryn Harries
Salomé : Barbara Haveman
Babylonienne : Anne-Catherine Gillet
Hérode : Philippe Rouillon
Jean : Jean-Pierre Furlan
Phanuel : Eric Martin-Bonnet
Vitellius : Léonard Graus
Grand Prêtre : Keith Tillotson
Voix dans le temple : Jairo Nunez
Liège 12/05/2002
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C'est toujours avec plaisir que je
retrouve le chemin de cette belle ville de Liège et de son opéra,
où Jean-Louis Grinda poursuit, saison après saison, une programmation
courageuse et originale. En attendant la Tétralogie qu'il mettra
lui-même en scène à partir de la saison prochaine,
il nous propose aujourd'hui Hérodiade, l'enfant le plus réussi
du mariage du Grand Opéra et de la sensualité massenetienne,
avec l'intégralité du ballet, ce qui aurait certainement
réjoui notre ami Bruno Peeters, grand amateur de jolies ballerines.
La production de Jean-Louis Pichon a été créée
à Saint-Etienne la saison passée et a été présentée
en Avignon avant de faire halte à l'Opéra Royal de Wallonie.
Les décors d'Alexandre Heyraud et les costumes inventifs de Frédéric
Pineau nous installent dans un Orient antique stylisé, la production
ayant choisi le parti de l'évocation subtile plutôt que celui
de la reconstitution. La mise en scène s'appuie sur une mise en
place parfaite et une direction d'acteurs précise pour apporter
à l'ouvrage toute la lisibilité nécessaire. Pas de
relecture ici mais un spectacle qui puise au meilleur de la tradition et
constitue une incontestable réussite sur le plan visuel. Jacques
Lacombe dirige un Grand Opéra avec bravoure et nervosité,
mais il manque à cette lecture brillante le sens du détail
et de la poésie qui lui permettrait de mettre en évidence
tout ce qui dans la partition annonce les chefs-d'oeuvre à venir
du compositeur et s'éloigne déjà des canons du genre.
Ne boudons pas notre plaisir cependant car le chef canadien nous offre
notamment un somptueux final du troisième acte. Le point faible
de la distribution est incontestablement Kathryn Harries, qui nous impressionne
encore sur quelques notes graves mais ne parvient la plupart du temps qu'à
nous offrir la pire caricature d'Hérodiade, avec un vibrato totalement
incontrôlable. Jean-Pierre Furlan s'efforce avant tout de faire du
son, et y parvient avec un bonheur aléatoire. L'éclatant
La tenu à pleine poitrine qui clôture son air du quatrième
acte fait chavirer le public mais il en faut plus pour nous convaincre
dans un personnage qui n'a sans doute pas totalement inspiré le
compositeur. Nous trouvons davantage de satisfactions avec le Phanuel sûr
et sobre d'Eric Martin-Bonnet, à la prononciation remarquable. Philippe
Rouillon met un acte à se chauffer mais nous impressionne ensuite
par son autorité scénique et vocale, dessinant un tétrarque
à la fois autoritaire et pitoyable auquel le public réserve
un triomphe mérité. La jeune soprano néerlandaise
Barbara Haveman nous enchante réellement par un physique séduisant
qui rend crédible son personnage de princesse-enfant que l'amour
conduit au sacrifice, et une voix qui a gagné en assurance avec
un aigu lumineux et des piani envoûtants. Une artiste prometteuse
assurément, tout comme l'est la belle Anne-Catherine Gillet, qui
confère un relief inhabituel à l'intervention de la jeune
babylonienne et mérite incontestablement d'être entendue dans
des rôles plus conséquents. Dimanche ensoleillé sur
Liège, sur la scène comme sur les terrasses. Le bonheur est
quelque chose de si simple au fondÖ
Vincent Deloge
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