C O N C E R T S 
 
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PARIS
(Opéra Bastille)
DER FLIEGENDE HOLLANDER

Romantische Oper in 3 Aufzügen

Richard WAGNER, 1834

Albert Dohmen : Der Holländer
Susan Anthony : Senta
Kim Begley : Erik
Franz-Josef Selig : Daland
Barbara Bornemann : Mary
Mathias Zachariassen : Der Steuermann
 

Direction musicale : Daniel Klajner

Mise en scène : Willy Decker
Décors et costumes : Wolfgang Gussmann
Lumières : Hans Toelstede
Chef des Choeurs : Jean Laforge

Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris

Paris, Opéra Bastille, 15 mai 2002.



LE DRAPEAU NOIR FLOTTE SUR LA MARMITE
 

La distribution du "Vaisseau" de juin 2000 (Struckmann, Voigt, Moser, Rootering et Streit) nous plongeait dans l'âge d'or des croisières de luxe ; hélas, pour cette reprise, le cabotage succède au cabotinage.

Albert Dohmen est le Hollandais idéal Ö pour Karlsruhe ou Mannheim. En bon aboyeur, il remplit sans faiblir le grand paquebot de la Bastille. En revanche, le mot "intériorisation" n'est pas à son vocabulaire (ce n'est pas lui qui porte toute la misaine du monde).

Susan Anthony est une Senta dont la voix évoque les sirènes (d'alarmes, pas d'Ulysse, hélas) : encore que les cornes de brumes soient moins fâchées avec la justesse.

Elle a au moins 3 mérites : 
1. chanter fort
2. y croire
3. chanter fort

Reste que certains aigus donnent le mal de mer.

Elle n'est guère gâtée par une mise en scène qui, la moitié du temps, lui fait contempler le portait du Hollandais avec des yeux de merlan frit, portrait qui lui échappe des mains ou qu'elle jette à terre une à deux fois par acte.

Kim Begley campe un personnage attachant, mais il n'est pas en reste dans le manque de justesse ("que celui qui n'a jamais péché ..."). Il n'est pas gâté par son ridicule costume tyrolien, censé accentuer le contraste entre "l'homme-des-terres-qu-il-est" et les "gens-de-mer-que-les-autres-ils-sont", mais qui lui enlève toute crédibilité scénique.

Si Franz-Josef Selig est un Daland routinier, il faudra en revanche se rappeler de Mathias Zachariassen, excellent pilote.

La direction de Daniel Klajner est énergique, mais l'orchestre reste imprécis (je dirais même ... vague !) : les cordes ont tout particulièrement du mal à faire leurs attaques simultanément. En revanche, les cuivres s'en donnent à coeur  joie : c'est une véritable déferlante de décibels !

On ne sera pas étonné que tout ça finisse en queue de poisson : la rédemption par l'amour est refusée au Hollandais pour lequel Senta se suicide inutilement.

Comme d'habitude, décor unique : à l'Opéra, on a des oursins dans les poches.

Si ce n'est pas Titanic, ni même la Péniche-Opéra, on évite tout de même le naufrage : le spectacle est d'ailleurs accueilli par une tempête d'applaudissements. J'en reste médusé.
 
 

Placido Carrerotti
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