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BRUXELLES
01/06/03
(© Johan Jacobs)
Khovanchtchina
Modest Moussorgsky
Drame musical populaire en cinq actes
Orchestration de Dimitri Chostakovitch
avec un final de J. David Jackson
Direction musicale - Kazushi Ono
Mise en scène - Stein Winge
Décors - Chloë Obolensky
Costumes - Claudie Gastine
Eclairages - Hans-Ake Sjöquist
Chef des choeurs - Renato Balsadonna
Chorégraphie - Inger-Johanne
Rütter
Ivan Khovansky - Willard White
Andreï Khovansky - Pär Lindskog
Vassily Golitzin - Glenn Winslade
Shaklovity - Ronnie Johansen
Dossifei - Anatoli Kotcherga
Marfa - Elena Zaremba
Emma - Helène Bernardy
Un clerc - Robin Leggate
Varsonoviev - Jacques Does
Kuzhka - Marten Smeding
Streshniev - Tie Min Wang
Streltzy - Pierre Doyen, Jacques Does
Confident de Golitzine - André
Grégoire
Orchestre Symphonique et Choeurs de
la Monnaie
Bruxelles, Théâtre de
la Monnaie
Dimanche 1er Juin 2003
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Khovanchtchina
est le dernier ouvrage de Moussorgsky, ouvrage que le compositeur n'a pu
ni orchestrer ni achever. D'autres se sont attelés à la tâche,
notamment l'inévitable Rimsky-Korsakov ainsi que Chostakovitch,
le travail de ce dernier se montrant nettement préférable
(sauf quelques options discutables, en particulier la fin du dernier acte
à laquelle on peut préférer le final de Stravinsky
composé à la demande de Diaghilev). L'opéra de Bruxelles
proposa en 1996 une production de cet ouvrage avec l'orchestration de Chostakovitch
mais avec un nouveau final, très convaincant, de David Jackson.
C'est une reprise de cette production qui nous était proposée
aujourd'hui. Nous y retrouvons en partie la même distribution, avec
plus ou moins de bonheur, sept années s'étant écoulées
depuis la création...
Ainsi Willard White campe à
nouveau un superbe Andrei Khovansky scéniquement mais peine à
convaincre musicalement du fait d'un chant poussif se réfugiant
trop souvent dans le parlando, Elena Zaremba quant à elle,
sobre mais intense scéniquement, affiche un vibrato gâchant
quelque peu un beau timbre et des graves somptueux tandis que le Dossifei
d'Anatolij Kotscherga frise la caricature par un chant débraillé
dont les aigus s'assimilent à des cris (reste une stature indéniable
qui convient bien au personnage). Si Pär Lindskog convainc en Ivan
Khovansky, le Golitsine de Glenn Winslade est trop "transparent", tant
scéniquement que vocalement, tout comme le Chaklovity de Ronnie
Johansen. Les seconds rôles sont également sans grand relief.
Les choeurs de la Monnaie sont les grands triomphateurs de la soirée.
Très fournis, ils affichent une homogénéité
et une sûreté d'intonation, même dans les nuances piano,
remarquables. Un grand bravo donc à leur chef, Renato Balsadonna.
C'est Kazushi Ono, nouveau directeur musical de la Monnaie, qui succédait
à Paul Daniel à la tête d'un Orchestre Symphonique
de la Monnaie un peu terne (surtout les bois, sauf une remarquable banda
de scène). Malgré un soin des détails très
intéressant, Kazushi Ono peine à trouver une cohérence
et un souffle qui auraient davantage animé cette vaste fresque historique.
On lui reprochera aussi d'avoir procédé à de nombreuses
coupures qui suppriment notamment deux rôles capitaux pour saisir
toute la mesure des oppositions des clans (Suzanne et le Pasteur).
La mise en scène de Stein Winge
est inégale. Transposant - sans ostentation - l'action au XXe siècle,
dans une atmosphère urbaine, elle réserve quelques scènes
frisant le grotesque (l'exécution de fuyards capturés par
les streltsy) ou tournant à vide (tout le tableau chez Golitsyne)
mais offre un superbe cinquième acte qui atteint des sommets d'émotion
dans la scène finale. Cela est aussi dû au final de David
Jackson, qui, contrairement à Rimsky et Chostakovitch, termine l'ouvrage
avec une raréfaction du matériau musical saisissante. Ce
magnifique final laisse d'ailleurs le public interdit pendant une demi-minute...
impressionnant silence !
Pierre Denis
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