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STRASBOURG
14/12/02
(Serguei Leiferkus)


(Galina Gorchakova)

Récital

Serguei Leiferkus, baryton
Galina Gorchakova, soprano

Semjon Skigin, piano
 

Serguei Leiferkus
Le Prince Igor d'Alexandre Borodine
Extrait de l'acte II : "Nya sna, nyi otdykha" (Ni sommeil, ni repos)

Galina Gorchakova
Adriana Lecouvreur de Francesco Cilea
Extrait de l'acte I : "Io son l'humile ancella" (Je suis l'humble servante)

Serguei Leiferkus
Trois mélodies de Serguei Rachmaninov
Sudba (Destinée)
Khristos Voskryes (Le Christ est ressuscité)
Ya nye prorok (Je ne suis pas un prophète)

Galina Gorchakova
Deux mélodies de Piotr Ilitch Tchaikovski
Zabyt tak skoro (Oublier si vite)
To bylo rannyeyu vyesnoy (Au début du printemps)
Une mélodie de Serguei Rachmaninov
Nye vyer, mnye, drug (Ne me crois pas, ami)

Serguei Leiferkus
Macbeth de Giuseppe Verdi
Extrait de l'acte IV, scène 3 : "Perfidi ! All'angelo... Pieta, rispetto, amore"

Galina Gorchakova
Tosca de Giacomo Puccini
Extrait de l'acte II : "Vissi d'arte"

Galina Gorchakova et Serguei Leiferkus
Il trovatore de Giuseppe Verdi
Extrait de l'acte IV, scène 2 : "Udiste ? Come albeggi..."

ENTRACTE

Galina Gorchakova
La forza del destino de Giseppe Verdi
Extrait de l'acte IV, scène 6 : "Pace, pace "

Serguei Leiferkus
Otello de Giuseppe Verdi
Extrait de l'acte II, scène 2 : "Credo in un Dio crudel"

Galina Gorchakova
Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaikovski
Extrait de l'acte I, scène 2 : Air de la lettre

Serguei Leiferkus
Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaikovski
Extrait de l'acte I, scène 3: "Vy mnye pisali" (Réponse d'Onéguine)
Galina Gorchakova et Serguei Leiferkus
Eugène Onéguine de Piotr Ilitch Tchaikovski
Scène finale de l'acte III

Samedi 14 décembre 2002
Opéra National du Rhin
STRASBOURG


Tandis que le célèbre marché de Noël strasbourgeois battait son plein, l'Opéra du Rhin proposait un récital de deux interprètes russophones, Serguei Leiferkus et Galina Gorchakova. Au premier abord, leur programme n'offrait aucune surprise.

Gorchakova s'engage avec assurance dans ses deux grandes spécialités, les mélodies russes et les airs d'opéras italiens, dont l'inévitable "Pace, mio Dio !" qu'elle a fait entendre partout - souvenons-nous du Kirov en 1998. La voix ne se déploie pas avec la vigueur habituelle dans sa première partie de récital : les aigus courts et parfois tendus sonnent sèchement dans la salle rhénane. On est loin du gommage numérique de ses enregistrements précédents parus chez Philips (notamment le récital italien dirigé par Gergiev en 1997). Progressivement, la voix se place plus favorablement et la soprano peut entamer sereinement un autre de ses "tubes", le "Vissi d'arte". Le public apprécie ces standards de l'opéra et se montre plus réticent face aux mélodies de Rachmaninov ou de Tchaikovski. Même le long air de la chambre, magistralement rendu, n'est accueilli que du bout des mains. Gorchakova y campe pourtant une Tatiana fébrile et nuancée qui contraste davantage avec ses emplois purement lyriques de la première partie de concert.

On a parfois taxé Serguei Leiferkus de malcanto. Il est vrai que sa diction dure et les inflexions froides de sa puissante voix n'en font guère un Iago latin. Le "Credo" d'Otello est récité tel une prière maudite, une invocation maléfique qui convient bien à ce chant distant et cruel du baryton russe. Moins en rondeur qu'un Sherill Milnes, moins poussif qu'un Tito Gobbi, Leiferkus compose son Iago de manière encore plus personnalisée que dans ses célèbres prestations aux côtés de Plácido Domingo en 1992 au Royal Opera et en 1994 sous la direction de Myung-Whun Chung. Il sera donc intéressant de l'écouter à Lyon fin février 2003 dans ce rôle ou à Paris en mars dans le Iolanta de Tchaikovski aux côtés de Gegam Grigorian. Evidemment très à l'aise dans le répertoire russe, il enveloppe Borodine dans un écrin de perfection, alliant le geste à la voix.

Le pianiste Semjon Skigin, accompagnateur régulier de Serguei Leiferkus, de Cheryl Studer et idole du public strasbourgeois, semble se contenter d'accompagner. Il suit à la lettre la partition, au risque de ne pas finir exactement avec le chant, ce qui du reste n'est pas toujours du meilleur effet. Renfermé mais efficace, il fait son métier qui est plus celui du répétiteur que de l'artiste de scène.

Les amateurs d'opéra européen auront ainsi passé une agréable soirée, un détail à part : pourtant applaudis en rythme par la foule, les trois interprètes ne font que saluer et Serguei Leiferkus, avant de quitter la scène, referme le clavier du piano. Ce refus délibéré de rappel refroidit l'assistance.
 
 

P. Mirli
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