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PARIS
11/11/2006
© DR
Georg Friedrich HAENDEL
Cantates Il duello amoroso HWV 82
et Clori, Tirsi e Fileno HWV 96
Il Seminario Musicale
Aurore Bucher, soprano (Amarilli, Clori)
Eugénie Warnier, soprano (Tirsi)
Gérard Lesne, alto et direction (Daliso, Fileno)
Samedi 11 novembre 2006
Cité de la Musique, Paris
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Un parfum d’Italie
Le programme de cette soirée était constitué des
lumineuses et vertes années de notre caro Sassone, alors que ce
dernier effectuait son voyage en Italie. En dépit de livrets
d’une pauvreté affligeante, Haendel a su composer des
cantates profanes pourvues d’airs innovants et d’une grande
délicatesse, dont certains se retrouveront dans ses
opéras ultérieurs, notamment le duo
« Fermati » dans Rinaldo. Par ailleurs, Clori, Tirsi e Fileno
est un véritable opéra miniature, commandé par le
marquis Ruspoli à Rome, au style assez proche de celui de La Resurrezione.
Avant de commencer, il convient de noter que les 13 musiciens
d’Il Seminario Musicale ont beaucoup souffert de
l’acoustique ample du lieu. La salle des concerts de la
Cité de la Musique n’est manifestement pas taillée
pour cet effectif réduit : aussi les passages en imitation
ou les parties de violon obligé (magnifiquement
interprétées par Philippe Couvert) ont
considérablement perdu en netteté.
Comme à son habitude, Gérard Lesne s’est
montré puissant et juste. Le timbre conserve son admirable
chaleur et ses aigus transparents et posés, même si
l’on décèle une petite fatigue au niveau des
trilles et des ornements où l’émission n’est
plus aussi stable. C’est dans les airs langoureux que
l’artiste donne le meilleur de lui-même comme dans un
très beau « Come la rondinella
dall’Egitto » avec luth obligé. A ses
côtés, la blonde Aurore et la brune Eugénie
possèdent des voix assez proches, claires et
légères, très appropriées pour jouer les
nymphes et autres bergères charmantes et cruelles. En
particulier, Aurore Bucher dénote une grande maîtrise technique lors des reprises.
L’on regrettera toutefois les tempi
parfois trop vifs qui ôtent la poésie de
l’œuvre (le duetto « scherzano » par
exemple), une tendance à la sur-ornementation, et enfin des
ensembles (duo et trio) où les voix ne se fondent guère,
chacun s’attachant avant tout à mettre sa partie en avant
sans souci de contrepoint subtil, à moins encore que
l’acoustique ne soit responsable de cette impression. A la fin de
la soirée, après deux généreux bis,
subsistent dans la froidure hivernale un « Barbaro, tu non
credi » où Haendel laisse pressentir une
écriture plus mûre et un très mélancolique
« un sospiretto » plein d’émotion.
Viet-Linh NGUYEN
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