C O N C E R T S
 
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BRUXELLES
Palais des Beaux-Arts
10/11/2001
 
Das lied von der Erde

Gustav MAHLER

Swr Sinfonieorchester
Direction : Michael Gielen

Cornelia Kallisch, alto
Roland Wagenführer, ténor

 


Peu de monde au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles ce samedi soir pour aller entendre Das Lied von der Erde de Mahler. Le fait qu'on puisse jusqu'à la dernière minute obtenir des places au guichet et se placer là où on le désire ne laisse pas d'étonner la Parisienne que je suis, habituée à se battre des mois à l'avance pour le moindre strapontin !

Vaguement inquiète à la lecture du nom de Roland Wagenführer, je me cale dans mon fauteuil, les premiers accords retentissent, le ténor ouvre une bouche grande comme un four, devient rouge, bleu, violet...et émet un couinement étranglé !

J'échange un regard consterné avec notre vénéré directeur de publication [nd(v)ddlp: c'est moi !], la suite ajoute à notre consternation : Wagenführer n'a pas d'aigus, pas de graves, pas de puissance, pas de timbre...un immense désert vocal...

Voici le tour de Cornelia Kallisch pour Der Eisame im Herbst. Je commence par penser qu'avec son timbre passe-partout, ce n'est pas elle qui va relever le niveau de la soirée, et puis le miracle se produit : l'intelligence de l'approche, la sensibilité de l'interprétation emportent l'adhésion. La sonorité de l'orchestre est absolument superbe, la direction passionnée, je me laisse aller...Aïe ! Wagenführer se lève pour Von der Jugend ! Il ouvre la même bouche immense, passe par les mêmes couleurs...et émet trois jolies notes ! je souris d'aise, sourire qui se fige aussitôt : je découvre vite que le ténor ne possède que trois notes dans le haut médium. Ça me rappelle l'anecdote de Rossini découvrant que la mezzo de la troupe dans laquelle il vient d'arriver et qui doit interpréter Argene de Ciro in Babilonia ne possède qu'une seule note, et écrivant son air en conséquence ! Dommage pour Wagenfürer, heureusement pour Mahler, ce cycle n'a pas été écrit sur mesure pour lui.

J'écoute à peine Der Trunkene im Frühling, pour me concentrer sur Der Abschied. Une fois encore, l'interprétation de Cornelia Kallisch, la sonorité somptueuse de l'orchestre tiennent du miracle...Quelques secondes de recueillement après le dernier Ewig...Voilà, c'est terminé...Retour à la réalité.

Réalité qui se manifeste au sortir du spectacle, par la rencontre avec la charmante Amaryllis Grégoire, qui sera à la FNAC le 30 novembre 2001 pour la promotion de son nouveau disque. [ndlr: un récital chez Naxos consacré à l'oeuvre mélodique de Duparc.]
 
 
 

Catherine Scholler
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