......
|
DRESDEN
27/04/2006
Janice Baird (Ortrud)
Richard WAGNER
LOHENGRIN
Opéra en trois actes
Livret du compositeur
Direction musicale : Klauspeter Seibel
Mise en scène : Christine Mielitz
Décors et costumes : Peter Heilin
Chef des chœurs : Matthias Brauer
Lohengrin : Stephen Gould
Elsa von Brabant : Martina Serafin
Ortrud : Janice Baird
Friedrich von Telramund : Hans-Joachim Ketelsen
Le Roi Heinrich : Kurt Rydl
Le Héraut du Roi : Markus Butter
Chœur du SemperOper
Orchestre de la Staatskapelle, Dresden
Production du SemperOper Dresden, 1983
Dresden, SemperOper, 27 avril 2006
|
Concerto pour Ortrud et orchestre
A l’instar de nombreuses maisons d’opéra
germanophones, le SemperOper de Dresden est un théâtre de
répertoire où se joue chaque soir un spectacle
différent. On ne rencontre pour ce Lohengrin
pas de grande star, mais une troupe solide et homogène, pas de
prétention dans la mise en scène mais un travail
efficace, bien qu’un peu routinier, et surtout un orchestre -
Staaskapelle de Dresde - à se pâmer.
De la distribution, on distinguera une éblouissante Ortrud de
Janice Baird (remplaçant Gabriela Schnaut). Cette artiste se
hisse progressivement au rang des plus grandes tenantes des rôles
de Turandot (qu’elle chanta à Strasbourg),
d’Elektra, Brünnhilde (récemment à Toulouse)
et bientôt Isolde (Toulouse toujours). La beauté et la
puissance de la voix sont déjà un sérieux atout,
mais il faut louer une beauté et une intelligence
scénique confondantes. La manière dont Baird
s’affiche durant tout le premier acte (où elle ne chante
pourtant que dans les ensembles, sans aucun solo) impose le personnage
au premier plan. L’assurance avec laquelle elle s’illustre
ensuite dans tout le deuxième acte est là encore
écrasante. Du grand art.
Le Lohengrin de Stephen Gould est fort beau et touchant de bout en
bout, tout comme l’Elsa de Martina Richter qui sait traduire
toute la pitié que doit susciter le personnage. Le Telramund de
Hans-Joachim Ketelen est solide mais souffre quelque peu de la
présence de Janice Baird. Le Roi Heinrich de Kurt Rydl est par
contre bien fatigué...
Louons des chœurs somptueux, parfaitement homogènes et en
place ainsi qu’un orchestre renversant, sans doute l’un des
plus beaux qu’il nous ait été donné
d’entendre ces dernières années, tout simplement
miraculeux. Admirons encore un orchestre de scène tout aussi
somptueux, avec des trompettes naturelles présentes sur
scène : les changements de tableau des actes II et III en
prennent ainsi un sacré coup de sang, quant au final du II, on
est tétanisé par tant de splendeur sonore. Il faut
ajouter que le chef Klauspeter Seibel, kappelmeister dans le sens le
plus noble du terme, conduit tout cela d’une main de maître.
On regrettera donc une mise en scène assez placide, même
si elle joue habilement la carte de la transposition au XIXe. Rien de
choquant, mais rien d’inoubliable dans cette
représentation qui voit donc triompher avant tout une splendide
équipe musicale.
Heureux dresdois qui, de plus, possèdent l’un des plus
magnifiques opéras qui soit, le tout dans une ville absolument
superbe.
Pierre-Emmanuel Lephay
|
|