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TOULOUSE
21/04/2008
© David Herrero
Waltraud Meier, soprano
Joseph Breinl, piano
Franz Schubert (1797-1828)
Wehmut D.772
Die Forelle D.550
Gretchen am Spinnrade D.118
Nachtstück D.672
Der Erlkönig D.328
Richard Strauss (1864-1949)
Cäcilie op. 27 n° 2
Winterveihe op. 48 n° 4
Wie solten wir geheim sie halten op. 19 n° 4
Morgen op. 27 n° 4
Die Nacht op. 10 n° 3
Befreit op. 39 n° 4
Zueignung op. 10 n° 1
Vier letzte lieder
Frühling
September
Beim Schlafengehen
Im Abentrod
Toulouse, Théâtre du Capitole, 21 avril 2008
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Ensorcelante !
Lorsque Waltraud Meier entre en
scène, suivie de son jeune partenaire, comment ne pas voir, dans
la femme à la séduction rayonnante qui avance,
enveloppée dans le plissé Fortuny de sa souple robe
émeraude, un avatar de l’héroïne magicienne
qu’elle incarne si souvent ? D’autant que son
récital regroupe des lieder autour des thèmes de l’amour et de la mort.
D’emblée on est saisi par la clarté de
l’élocution, la fermeté de la diction, la
maîtrise des nuances. Tandis que la voix se chauffe et atteint sa
plénitude expressive, lied après lied on est
stupéfait de l’élégance de ce Schubert, dont
la charge émotive, qui va croissant avec le dramatisme des
textes, est extraordinairement dosée. Un Roi des Aulnes
magistral de couleurs et d’intensité clôt ce cycle,
qui nous a fait passer de l’idée de la mort sous-jacente
à sa cruelle réalité. Difficile de sortir de la
commotion.
Le climat tout différent des premiers Strauss le
permet pourtant. Ici l’amour quitte le domaine des
aspirations et des frustrations pour s’incarner dans
l’être aimé ; et la voix de Waltraud Meier
trouve alors les élans, les brillances et les veloutés
propres aux épanchements d’une plénitude heureuse.
Mais l’amour humain est voué à subir la loi
inéluctable du temps destructeur. Au bout de la merveilleuse
aventure d’une union dont l’histoire est celle d’une
sublimation commune, ce sera la disparition, l’effacement, le
silence définitif. Déjà abordé par le
compositeur dans sa maturité, ce thème inspire, sous le
symbolisme des saisons et du soleil couchant, le chant du cygne des quatre derniers lieder.
Waltraud Meier nous entraîne avec elle sur ce sommet, d’une
voix dont rien ne gêne l’expansion mais avec une justesse
d’effets qui conduit l’expression musicale
jusqu’à l’ineffable. On voudrait alors savourer cet
art suprême, où la maîtrise la plus grande
crée l’illusion du naturel, dans le silence qui le
prolonge.
Mais c’est la règle du genre : les applaudissements
éclatent. De bonne grâce, la cantatrice accordera trois bis,
un de Mahler, Urlicht, et deux de Hugo Wolf, dont le piquant Abschied
qui lui permet de clore son récital sur une pirouette
enjouée et malicieuse.
Au piano, Joseph Breinl,
parfois un peu trop présent dans le Schubert, se montre un
partenaire à part entière ; aux qualités du
toucher et du legato il joint
un accord dynamique sans faille avec Waltraud Meier qui témoigne
de la qualité de leur préparation. Une autre grande
leçon !
Maurice SALLES
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