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PESARO
18/08/2007
© Studio Amati Bacciardi
Gioachino ROSSINI (1792-1868)
Petite Messe Solennelle
per soli, coro e orchestra
Iano Tamar, soprano
Daniela Barcellona, mezzo-soprano
Saimir Pirgu, tenore
Michele Pertusi, basso
Coro da camera di Praga
Lubomír Mátl, chef des choeurs
Orchestra del Teatro Comunale di Bologna
Umberto Benedetti Michelangeli, direction
Adriatic Arena, Pesaro, le 18 août 2007 à 17h
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Sacrée Barcellona !
« Musique sacrée ou sacrée
musique ? » demandait Rossini à Dieu dans la
célèbre notice introductive de sa Petite Messe Solennelle.
Tout dépend de la version choisie, serait-on tenté de
répondre sans prétendre se substituer au
Créateur : celle de 1864 pour 2 pianos et un
harmonium ou celle orchestrée trois ans après de
manière plus monumentale (*). L’une se
présente extravagante et hardie avec son accompagnement de piano
tantôt mélodique, tantôt rythmique qui donne au Kyrie des allures jazzy.
L’autre, drapée dans son orchestre, s’affirme plus
pompeuse afin de pouvoir mieux s’inscrire dans une certaine
tradition liturgique occidentale. C’est malheureusement cette
dernière version que la 28e édition du Festival de Pesaro
a choisi de présenter, qui plus est dans le cadre anonyme de
l’Adriatic Arena quand il aurait fallu un décor autrement
religieux pour que passe un souffle mystique.
Dans ces conditions, Umberto Benedetti Michelangeli s’attache
avant tout à exhaler la poésie de l’œuvre,
plus que son originalité ou sa spiritualité, en veillant
à l’équilibre du chœur, des solistes et des
instruments. Il s’agit, d’après une note
d’Alberto Zedda dans le programme, du premier des deux
problèmes que cette version pose à un chef
d’orchestre : trouver la juste balance entre un effectif
instrumental fourni à la couleur flamboyante et une
écriture vocale moins brillante car située dans un
registre central.
Le second problème consiste à jouer malgré l’absence d’orgue le prélude instrumental du Sanctus
(il est en effet dévolu à ce seul instrument), obstacle
que contourne le Maestro en utilisant un saxophone ténor et une
clarinette basse.
Il est aidé dans cette pieuse entreprise par un chœur de
chambre de Prague à la précision exemplaire, dont on
retient la sonorité miraculeuse des pupitres aigus -
ténors et sopranos – confondus dans l’assertion
péremptoire du Credo.
Parmi les solistes, plus que le chant de Michele Pertusi,
solide mais avare de nuances, plus que le soprano amorphe de Iano
Tamar, mal à l’aise peut-être d’avoir
retardé le début du concert d’une demi-heure parce
que bloquée dans un embouteillage (des huées ont
accueilli son entrée dans la salle), on apprécie la
lumière mozartienne du timbre de Saimir Pirgu et l’élégance avec laquelle il adoucit les accents militaires du Domine Deus.
On succombe surtout à la présence impériale de Daniela Barcellona dans l’Agnus Dei.
Voix somptueuse, souffle puissant, caravagesque jusque dans les reflets
carminés de sa robe, la mezzo-soprano fait l’effet
d’une apparition. Ebloui, on tombe à genoux, prêt
enfin à communier. Trop tard ! C’est le dernier
numéro de la partition : la messe est
dite.
Christophe Rizoud
Note
(*) 2 flûtes et 1 piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 3 bassons,
4 cors, 2 trompettes et 2 cornets, 4 trombones, timbales, 2 harpes et 1
orgue.
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