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METZ
15/09/06
Jacques Mercier © DR
Alexandre Borodine
Le Prince Igor
Ouverture / Cavatine / Danses polovtsiennes
Sergei Prokofiev
Alexandre Niévsky
Nona Javakhidze, mezzo-soprano
Chœur de la Philharmonie Nationale de Hongrie
Chef de chœurs : Matyas Antal
Orchestre National de Lorraine
Dir. Jacques Mercier
Metz, Arsenal, 15 septembre 2006
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Joyeux Tsarnniversaire
On ne le redira jamais assez : l’Arsenal de Metz
est une des plus belles salles de concert qui soient. Alliant la
splendeur du cadre à une acoustique exceptionnelle, ce lieu
magique procure rien qu’en s’y installant, un immense
bonheur.
L’Arsenal est aussi le lieu de résidence de
l’Orchestre National de Lorraine qui fête cette
année ses 30 ans et propose à cette occasion une saison
éblouissante dont cette soirée d’ouverture augure
d’autres rendez-vous mémorables.
Dirigé notamment par Michel Tabachnik, Emmanuel Krivine, puis
Jacques Houtmann pendant 10 ans, l’Orchestre, alors
« Philharmonie de Lorraine » connut un essor
considérable sous la direction de Jacques Lacombe de 1998
à 2001. Et c’est sans aucun doute grâce au travail
de cet excellent chef que l’orchestre obtint le label
« National » en 2002.
Jacques Mercier entretient la flamme depuis en proposant une
programmation originale et ambitieuse. Il est ainsi l’un des
très rares chef à diriger des œuvres de Sibelius en
France. Ainsi, cette année (le 4 mai) nous offrira-t-il la
rarissime symphonie vocale « Kullervo »,
chef-d’œuvre absolu du jeune Sibelius, un
événement exceptionnel dont nous nous ferons
l’écho (et le pré-écho) ici même.
Pour l’heure, Jacques Mercier dirigeait la cantate tirée
de la musique que Prokofiev composa pour le film d’Eisenstein
« Alexandre Niévsky »,
précédée de pages extraites du « Prince
Igor » de Borodine.
En grande forme, l’Orchestre séduit par la beauté
de sa sonorité, la solidité des différents
pupitres et des solistes remarquables, notamment le merveilleux
hautbois de Sylvain Ganzoinat, dont le son admirable (provenant
d’un instrument en altuglass !) est transcendé par la
musicalité de l’artiste. Du grand art. A l’image de
ce musicien (et on sait combien le premier hautbois joue un rôle
moteur dans un orchestre), les différents pupitres brillent de
même, notamment ce soir-là, les clarinettes et les
cuivres.
Jacques Mercier dont la direction est attentive et lyrique, met
superbement en valeur et la qualité de ses musiciens et la
beauté des partitions.
Nona Javakhidze déploie sa belle voix de mezzo avec une grande
finesse. Tout au plus souhaiterait-on davantage d’engagement et
d’émotion. Le Chœur de la Philharmonie Nationale de
Hongrie fut quant à lui renversant comme souvent les
chœurs d’Europe de l’Est et du Nord, alliant une
grande homogénéité à une puissance et une
beauté de timbres extraordinaires. Le tout magnifié par
une exécution impeccable.
Devant une telle réussite, on ne peut qu’espérer
que Jacques Mercier nous offre un jour l’autre grande musique de
film que Prokofiev composa pour Eisenstein, Ivan le Terrible, cet ébouriffant chef d’œuvre du 7° art.
En attendant, cette soirée nous rend impatient d’entendre l’Orchestre National de Lorraine dans la - rare - 7° Symphonie
« Leningrad » de Chostakovitch (13 oct.), la
11°, « 1905 », du même (2 fév.),
le War Requiem de Britten (15 juin) ou encore donc, Kullervo de Sibelius (4 mai). Joyeux anniversaire !
Pierre-Emmanuel Lephay
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