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ANGERS
07/12/03

(© Vincent Jacques)
Vincenzo BELLINI

NORMA

Direction musicale : Alessio Vlad
Mise en scène : Jean-Jacques Cubaynes
Décors : Philippe Godefroid
Costumes : Tharova Jakesa
Lumières : Philippe Mombellet

Pollione : Brandon Jovanovich
Oroveso : Daniel Borowski
Norma : Hasmik Papian
Adalgisa : Maria Soulis
Clotilde : Isabelle Henriquez
Flavio : Alfredo Poesina

Choeur d'Angers Nantes Opéra
Orchestre National des Pays de Loire

Grand-Théâtre d'Angers
7 Décembre 2003



La Grande Prêtresse Norma s'est éloignée de son autel pour se mêler au monde des humains. Ses passions n'en sont que plus violentes, ses contradictions plus pathétiques, ses faiblesses... plus émouvantes.

C'est ainsi qu'à Angers, Norma est apparue : une mère responsable, tourmentée par le sort de ses enfants. Les choix du metteur en scène, Jean-Jacques Cubaynes (habitué par ailleurs des rôles de basse, à l'Opéra de Nantes notamment), tendent à rendre son autorité religieuse et politique presque accessoire. Norma se rapproche du spectateur, passant d'une célébration éloignée en fond de scène à une imploration pathétique au plus près de la fosse.

L'hymne attendu à la "Casta Diva" s'élève avec la dévotion nécessaire, mais sans soulever d'enthousiasme particulier. Cependant, si le spectre de Maria Callas hante encore les ténébreuses lumières de Philippe Mombellet, dans ces premiers moments de l'Opéra, Hasmik Papian impose peu à peu une présence charnelle, diffusant une voix puissante, juste et envoûtante dont les sortilèges se prolongeront bien au-delà du baisser de rideau. Moins à l'aise que d'autres cantatrices dans les passages "coloratura", ses duos avec Adalgisa (Maria Soulis), portent en revanche l'émotion à un niveau rare, qui rend toute critique triviale.

Il est vrai que les autres rôles, tous de qualité, sont distribués judicieusement.

Ainsi Adalgisa suggère, par une voix souple et maîtrisée dans toute l'étendue vocale, sa fragilité et sa fidélité sans faille à Norma. A cet égard les deux voix légèrement décalées de Norma et d'Adalgisa (respectivement soprano dramatique et mezzo-soprano) permettent à la musique de Bellini de déployer toute sa richesse harmonique.

Par sa présence, Pollione parvient à rendre convaincant un personnage à la psychologie théâtrale plutôt sommaire. Il incarne aisément un séducteur aux attirances mal définies et peu stables, et sa voix aux aigus quelque peu métalliques contribue à évoquer une symbolique guerrière pourtant assez peu sollicitée.

La direction d'Alessio Vlad établit peu à peu (c'était la première) la cohésion nécessaire entre les solistes, le choeur - ample, nuancé et précis - et l'orchestre. Si celui-ci est parfois un peu trop appuyé, le deuxième et dernier acte s'élève à un niveau d'expressivité qui ne saurait être défini que par la résonance intime que la musique et le chant éveillent en chacun des spectateurs. Bien des yeux ont dû s'embuer à tel ou tel moment, contribuant ainsi à renforcer les choix des créateurs du décor (Philippe Godefroid, ancien directeur artistique de l'Opéra de Nantes) et des costumes : un univers de gris, bleus sourds, or, terre... rouge pour évoquer la cruauté du dieu gaulois.

A cet égard, le sacrifice humain, consommé au cours du prélude musical initial, ne trouve guère d'échos dans les choix ultérieurs de la mise en scène : seules quelques statuettes rituelles placées au sol, au premier plan, tentent sans conviction d'entretenir la mythologie (échos pas si lointains de mises en scène de Wagner à Nantes).

Norma est décidément humaine et ce sont bien les drames de la vie, de l'amour et de la mort qui nous sont offerts. Le contexte historique de la confrontation de deux cultures n'est pas particulièrement mis en valeur. Les costumes des Gaulois et des Romains sont peu différenciés, intemporels. L'espace scénique, au deuxième acte, est habilement divisé en deux lieux : celui de l'ordre religieux et politique à droite, celui plus intime de Norma, en tenue d'intérieur, à gauche... et c'est bien cet espace-là qu'elle habite, près de ses enfants... près des spectateurs.
 
 
 

Jacques REVERDY




Prochaines représentations les lundi 16, mercredi 18, vendredi 20 février 2004 à 20h, le dimanche 22 février 2004 à 14h30 ; à la Maison de la Culture de Loire-Atlantique à NANTES
 
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