Photo - Marc Minkowski
En cette période de fêtes,
le théâtre du Châtelet nous propose une soirée
festive consacrée à Offenbach, sous la direction de Marc
Minkowski.
Les affinités de ce chef avec
le monde d'Offenbach sont maintenant bien connues, après les triomphes
de ses Orphée aux enfers et autres Belle Hélène, et
c'est donc en parfaite connaissance qu'il nous propose, à côté
de morceaux archi-connus (barcarolle des Contes d'Hoffmann, extraits de
la Grande-Duchesse de Gérolstein, de la Belle Hélène,
de La vie parisienne) des pièces plus rares (Barbe-Bleue, Fantasio),
voire carrément tombées dans l'oubli(Le carnaval des revues,
Madame l'Archiduc, Lischen et Fritzchen, Souvenir d'Aix-les-bains, ouverture
à grand orchestre), et l'on se prend à rêver qu'une
fois terminée sa série d'enregistrement des opéras
français de Gluck, il nous fasse entendre les intégrales
de ces raretés.
En effet, ces morceaux sont de véritables
découvertes : le sextuor de l'alphabet de Madame l'archiduc est
confondant de maîtrise musicale, la symphonie de l'avenir du Carnaval
des revues, pierre dans le jardin wagnérien que le maître
de Bayreuth ne pardonnera jamais, vraiment hilarante, le duo des alsaciens
de Lischen et Fritzchen réjouissant de cucuterie à prendre
au xième degré. Tout au plus les pièces purement instrumentales
(suite de valses pour orchestre crées au Casino d'Aix-les-Bains
et ouverture à grand orchestre) peuvent-elles paraître un
peu longuettes à des amoureux de la voix.
Sur le plan de l'interprétation,
c'est la grande classe. Anne-Sofie von Otter, contredisant sa réputation
de froideur, dégèle la salle en quelques secondes, avec le
rondeau "ah, que j'aime les militaires" interprété avec un
abattage magistral. Le ton est donné pour la suite, elle s'amuse,
Minkowski s'amuse, le public s'amuse. Quelques jeux de scènes, déplacements
et changements de costumes suffisent à compléter l'atmosphère.
Les partenaires de la mezzo-soprano
sont tout à fait dans le ton : Magali Léger, Stéphanie
d'Oustrac, Gilles Ragon, Laurent Naouri et Jean-Christophe Henry [ndlr
: un de nos brillants rédacteurs !] sont parfaits de voix, de style,
de diction. Mentionnons au passage la prestation de Laurent Naouri en compositeur
de l'avenir, béret wagnérien sur la tête et chevauchée
des walkyries aux lèvres, vraiment tordant. Le spectacle se termine
sur le finale de l'acte un de La vie parisienne, d'une haute tenue musicale
et plein de vie.
En bis, Anne-Sofie Von Otter nous offre
une Périchole vraiment, vraiment grise, et tous se rejoigne pour
un galop infernal d'Orphée aux enfers sous des pluies de confettis.
Néanmoins, que ceux qui ont
manqué cette belle soirée se consolent. Une vidéo
et un disque sont prévus, qui seront, eux, à ne pas rater
!