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NEW-YORK
18/05/2006
Waltraud Meier and Ben Heppner. Photo by Marty Sohl
Richard WAGNER
PARSIFAL
Parsifal : Ben Heppner
Kundry : Waltraud Meier
Amfortas : Thomas Hampson
Gurnemanz : René Pape
Klingsor : Nikolai Putilin
Titurel : Robert Lloyd
Voice : Tamara Mumford
First Esquire : Yvonne Gonzales Redman
Second Esquire : Deanne Meek
Third Esquire : Tony Stevenson
Fourth Esquire : Gioacchino Li Vigni
First Knight : Dimitri Pittas
Second Knight : Jordan Bisch
Flower Maidens: Rachelle Durkin, Wendy Bryn Harmer, Deanne Meek,
Alyson Cambridge, Edyta Kulczak, Lucy Schaufer
Conductor : Peter Schneider
Production : Otto Schenk
Set Designer : Günther Schneider-Siemssen
Projection Designer : Günther Schneider-Siemssen
Costume Designer : Rolf Langenfass
Lighting Designer : Gil Wechsler
Stage Director : Zoe Pappas
New York, le 18 mai 2006
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GRANDEUR ET FRAGILITE
Pour cette reprise du chef d’œuvre de Richard Wagner, le
Metropolitan avait aligné une distribution assez
impressionnante, pas loin de ce qu’on puisse faire de mieux, du
moins sur le papier.
Disons tout de suite que toutes nos craintes allaient vers le Parsifal
de Ben Heppner, chanteur exceptionnel mais un peu en dents de scie
depuis les problèmes de santé qui l’avaient tenu
éloignés des scènes. Disons tout de suite que le
ténor canadien est loin d’avoir retrouvé la
plénitude de ses moyens. La bonne nouvelle, c’est que
cette insolence vocale passée n’est pas vraiment de mise
dans ce rôle : dès lors que la puissance est
suffisante pour passer aisément la fosse, la fragilité
relative d’Heppner se transforme en qualité. Est-ce parce
que lui aussi est passé par un épuisant parcours de
rédemption, vocale cette fois ? Son interprétation
est en tout cas remarquable, culminant en un dernier acte est
bouleversant, digne des plus grands : une leçon
d’humanité intériorisée.
A ses côtés, Waltraud Meier est une Kundry sans surprise.
C’est-à-dire géniale ou peu s’en faut.
Bête de scène, la chanteuse brûle les planches
même quand elle ne chante pas et se contente de quelques
rauquements d’animal blessé.
Thomas Hampson renouvelle sa magistrale prise de rôle parisienne,
avec plus de nuances et d’intériorisation cette fois. Du
grand art, là encore.
Glissons charitablement (l’ouvrage s’y prête) sur le
Klingsor braillard et mal chantant de Nikolai Putilin (et chantant
faux, en plus) : sans être totalement insupportable, le
chanteur est vraiment très loin du niveau général.
Pierre angulaire de l’ouvrage, le Gurnemanz de René Pape
est tout simplement un événement qui fera date : un
chant d’une maîtrise quasi belcantiste avec ses nuances,
une science de la coloration, du legato, absolument inouïs ;
une interprétation qui touche au sublime dans sa justesse, sa
subtilité et l’économie de moyens utilisés.
Un regard, un geste discret suffisent à camper le chevalier un
peu condescendant du premier acte, ou l’homme mûr un peu
désabusé du troisième. Pour dire les choses plus
simplement : ce type est trop fort.
Remplaçant James Levine toujours souffrant après
être tombé de la scène pendant les saluts
d’un concert à Boston, Peter Schneider peut surprendre par
certains passages qui manquent de tension : c’est que sa
lecture, tout à fait défendable, est d’abord faite
de retenue, refusant un spectaculaire hors de propos.
La production très kitsch d’Otto Schenk a le mérite
d’être un écrin superbe et intelligent pour des
chanteurs d’exception, offrant quelques moments visuellement
forts (la transformation à vue de la forêt en
cathédrale) et d’autres moins inspirés
(l’antre de Klingsor fait penser à la taverne de
Rigoletto).
Quelques réserves mineures donc, histoire de dire quelque
chose : cette soirée restera dans les annales de la maison.
Placido Carrerotti
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