C O N C E R T S 
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......
STRASBOURG
14/01/03

© Alain KAISER
Don Pasquale

Opéra de Gaetano DONIZETTI

Direction musicale: Giuliano Carella
Mise en scène: François De Carpentries
Dramaturgie et mise en scène: Karine Van Hercke
Décors: Emmanuel Clolus
Costumes: Jorge Jara
Eclairages: Dominique Sournac

Don Pasquale: Romano Franceschetto
Ernesto: Ismael Jordi
Norina: Natalie Karl
Malatesta: Domenico Balzani
Le Notaire: Christian Lorentz
Le majordome: Charles Cenier

Choeurs de l'Opéra national du Rhin
Direction des Choeurs: Michel Capperon
Orchestre Symphonique de Mulhouse

Strasbourg, Opéra, 14 janvier 2003

Production du Théâtre Royal de la Monnaie de Bruxelles


C'est à nouveau un spectacle superbe et abouti que nous a offert l'Opéra du Rhin avec une équipe homogène de chanteurs portée par une très belle direction musicale et scénique.
La production, qui vient de Bruxelles, offre une vision fine, drôle et intelligente d'un des chef d'oeuvre de Donizetti.
Le metteur en scène François de Carpentries et son décorateur Emmanuel Clolus ont choisi de placer l'action dans et autour d'un cube symbolisant l'univers étriqué du barbon solitaire. Au début de l'ouvrage, Don Pasquale, Ernesto, les domestiques évoluent à l'intérieur et semblent se cogner aux murs. Quand Malatesta promet la femme idéale à Don Pasquale, celui-ci sort de sa boîte, comme s'il respirait un air neuf, puis, lorsque Norina se révélera une épouse redoutable, la maison "éclatera", et les murs s'écarteront, pour revenir se mettre à leur place à la fin de l'opéra. Belle idée, qui offre tout une suite d'images séduisantes grâce à des éclairages adéquats (on voit d'ailleurs nettement les projecteurs sur les côtés et au-dessus du décor, comme si les "ficelles" de la machination étaient bien visibles, sauf aux yeux de Don Pasquale...!).
Les costumes apportent la touche comique indispensable, ainsi que la direction d'acteurs, très présente, dont l'humour se "lâche" de plus en en plus au fil du spectacle pour aboutir à une délirante romance d'Ernesto vue comme le concert d'une pop star sur fond de forêt en toiles peintes: le metteur en scène s'amuse des poncifs du genre avec lesquels Donizetti joue d'ailleurs lui-même, il n'y a donc là rien de choquant, bien au contraire, ce travail scénique manifeste une subtile compréhension de l'oeuvre, l'un des derniers opera-buffa.

© Alain KAISER

La distribution convainc pleinement. Le Don Pasquale de Romano Franceschetto, basso buffo typique, est touchant, le chanteur se montrant parfaitement à l'aise dans un rôle dont il maîtrise toutes les composantes. La belle voix (on aurait peut-être souhaité un aigu plus présent) et l'aisance scénique de Domenico Balzani font ressortir toute le charme et la roublardise de Malatesta. Le couple d'amoureux est superbe. Natalie Karl affiche une belle et riche voix de soprano (le vibrato pourra gêner certains, notamment dans l'aigu, néanmoins très beau) qui convient parfaitement au personnage. Ce rôle, d'une femme décidée et manipulatrice, parfois chanté par un soprano léger, convient en effet davantage à une voix plus lyrique, comme la sienne. C'est l'Ernesto d'Ismael Jordi (un élève d'Alfredo Kraus) qui marque le plus dans la distribution. Le timbre est superbe et particulièrement séduisant, le chant fin et soigné (très belles demi-teintes dans le duo avec Norina au troisième acte), tout juste souhaite-t-on que le ténor développe et solidifie un aigu qu'on sent parfois fragile. On entendra parler de ce chanteur qui sera certainement amené à se produire sur les plus grandes scènes.
Les seconds rôles, dont un mime drôlissime, s'inscrivent parfaitement dans le cours du spectacle, ainsi que les choeurs, très sollicités scéniquement, mais dont on aurait souhaité un peu plus d'homogénéité.
L'Orchestre Symphonique de Mulhouse assure honorablement sa partie, exigeante car particulièrement riche dans cet ouvrage. Giuliano Carella les y aide beaucoup en les dirigeant de manière très attentive et soignée: aucun accroc, aucun décalage, la direction est d'une impressionnante précision (on reprochera seulement au chef de parfois couvrir un peu les voix).

La beauté de l'interprétation musicale, la finesse et l'humour de la mise en scène ont largement convaincu un public qui n'a pas ménagé ses applaudissements. L'Opéra du Rhin fête dignement ses 30 ans !
 
 

Pierre-Emmanuel Lephay

Prochaines représentations: les 16, 18, 20 janvier à 20h à Strasbourg ; le 26 janvier à 15h, le 28 à 20h à Mulhouse (Théâtre de la Sinne) ; le 2 février à 15h et le 4 à 20h à Colmar.
Renseignements: 03 88 75 48 23 ainsi que sur www.opera-national-du-rhin.com
(la location est déjà ouverte).
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]