C O N C E R T S
 
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COMPIEGNE
Théâtre Impérial

19/01/2001

 
Rigoletto

Giuseppe VERDI

Adaptation, scénographie, mise en scène et direction artistique : Pierre Jourdan
Textes chantés : Nicolas de Bouilly
Textes nouveaux parlés : Jean-Loup Horwitz
Direction musicale : Olivier Opdebeeck
Décors : Guillaume Auger
Costumes : Viviane Aubry
Lumières : Thierry Alexandre

Le commissaire du peuple : François Feroleto
Catherine : Anne-Sophie Schmidt
Pierre Le Grand : Christophe Einhorn
François Lefort : Philippe Le Chevalier
Georges : Erick Freulon
Caroline : Céline Victores-Benavente
Geneviève : Valérie Suty
Alexis : Fédéric Mazzotta
Menchikov/ouvrier : Laurent Malraux
Notaire/ouvrier : Philippe Durot
Maturin/ouvrier : Joël Thalmann

Orchestre de Chambre Olivier Opdebeeck
Choeur de Chambre de Namur (direction : Jean-Marie Marchal)

 


Pierre Jourdan poursuit sa politique d'exploration et de résurrection d'oeuvres inconnues ou méconnues du répertoire lyrique français.

Pour l'inauguration de la saison 2001/2002 du Théâtre impérial, son choix, motivé par le 100e anniversaire du séjour au château de Compiègne du Tsar Nicolas II de Russie, s'est porté sur un opéra-comique en 3 actes de Grétry, Pierre Le Grand, créé en 1790.

André-Ernest-Modeste Grétry fut incontestablement, en France, le maître de l'opéra-comique durant la deuxième moitié du 18ème siècle composant sans discontinuer pendant une trentaine d'années( Isabelle et Gertrude : premier opéra-comique en 1766).

Ainsi, il a traversé sereinement les différents régimes politiques de cette période troublée de l'histoire, les turbulences de la révolution de 1789 n'ayant freiné en rien son inspiration.

Grétry est à l'origine d'une quarantaine d'opéras-comiques dont la musique est caractérisée par une grâce naïve, une spontanéité, une simplicité, un naturel qui ont pu toucher la sensibilité du public de l'époque.

L'histoire de l'opéra est plutôt simple, on peut la résumer par la rencontre amoureuse de Pierre Alexeïvitch et de Catherine, paysanne de Livonie, qui deviendra la future Tsarine ; l'action se passe sur un chantier naval proche de la Baltique, Pierre y travaille comme ouvrier et cherche à se mêler au peuple, à travailler et vivre avec lui afin de mieux le comprendre.

Les autres personnages (Georges, Geneviève, Caroline) à l'exception peut-être du futur ministre François Lefort, sont surtout là pour meubler.

A travers cet ouvrage, Grétry a visiblement cherché à rendre hommage à Louis XVI et à son ministre Necker.

Soucieux de rendre l'oeuvre plus attrayante pour un public de l'an 2001, Pierre Jourdan a modifié l'intrigue et les dialogues parlés originaux, désuets. Pour cela, il a transposé l'action en 1790 et a imaginé qu'une tournée de théâtre ambulant était organisée par les responsables parisiens de la nouvelle pensée humaniste, tournée destinée à parcourir les moindres villages des provinces françaises.

Un personnage nouveau, le commissaire du peuple, joué admirablement par le comédien François Feroleto, va propager cette nouvelle pensée et, par le biais des chanteurs-acteurs, l'illustrer grâce à l'histoire du monarque éclairé, de sa jeunesse, de son aspect "Tsar ouvrier".

Vocalement, s'il n'y a pas de révélation, l'équipe, jeune, a au moins le mérite d'être homogène.
Christophe Einhorn, ténor léger, a un joli timbre( quoiqu'un peu nasillard), peine parfois dans les aigus et manque un peu de naturel.

Anne-Sophie Schmidt est scéniquement plus convaincante mais sa voix de soprano lyrique manque un peu de projection (on l'entend mal malgré la petitesse de l'orchestre).

Le baryton Philippe Le Chevalier a une jolie voix et prononce admirablement bien.

Parmi les rôles secondaires, on retiendra le timbre d'une exquise fraîcheur de Céline Victores-Benavente (qui fera certainement parler d'elle).

Le petit orchestre de Olivier Opdebeeck, réduit à onze instrumentistes habillés, tout comme les chanteurs, en costume révolutionnaire, a quitté la fosse pour jouer dans un coin du plateau.

La direction du chef manque parfois d'énergie et n'est pas toujours alerte (par comparaison à celle de Stefan Sanderling dans son disque d'ouvertures et suites).

Les choeurs de Namur sont par contre admirables de précision.

Les costumes de Vivaine Aubry flattent l'oeil par leur élégance et leurs couleurs vives.

Pierre Jourdan, en nous présentant un spectacle, distrayant, agréable, plein d'humour, a réussi son pari : la salle comble et les applaudissements chaleureux du public en furent la preuve.
 
 

Alain Colloc
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