Photo - Ewa Podles
Ce fut une soirée exceptionnelle
que ce concert du nouvel an de l'OSR entièrement dédié
à Gioachino Rossini (extraits d'Ermione, Semiramide, Tancredi et
l'Italiana in Algeri) avec en tête d'affiche Ewa Podlès qui
eut droit à une ovation inhabituelle de la part du froid public
genevois. Il est vrai qu'Ewa Podlès a tout pour elle : d'abord un
timbre rare de vrai contralto (et non de mezzo-soprano qui assombrit) sans
pourtant que les aigus ne lui posent le moindre problème alors que
les notes graves, elles, sont quasiment masculines ! De plus - ce qui est
incroyable - c'est l'aisance berganzienne avec laquelle Madame Podlès
arrive à vocaliser alors qu'en général, ce genre de
voix lourde est peu à l'aise dans le brillant répertoire
rossinien. Du coup, et c'est bien normal, c'est dans Tancredi et Arsace
qu'elle fut absolument fabuleuse, son Ermione restant légèrement
en deça. Mais là, je fais vraiment la fine bouche...
Bref, une vraie révélation
pour ceux qui, comme moi, ne la connaissaient pas. Mais si Ewa fut la reine
de la soirée, il faut également relever les mérites
d'Alberto Zedda. On sait que ce chef est le grand spécialiste contemporain
du Cygne de Pesaro, mais là, il a réussi l'exploit de faire
bien jouer du Rossini à l'Orchestre de la Suisse Romande, habituellement
d'une lourdeur et d'une maladresse pachydermiques dès qu'on aborde
le répertoire italien du XIXème siècle. Or là,
rien de tout cela. On a entendu du très très bon Rossini,
remarquablement interprété. Chapeau bas, Maestro ! Et félicitations
également aux choristes du Grand Théâtre qui ont ajouté
avec brio leur pierre à l'édifice. Bref, une soirée
mémorable !
Antoine Bernheim