C O N C E R T S 
 
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PARIS
13/12/04
La Princesse Jaune

Opéra-comique en un acte
de Camille Saint-Saëns

Livret de Louis Gallet

Aurélia Legay : Léna
Alexander Swan : Kornélis
Voix de coulisse : Corinne Feron

Orchestre Ostinato 
Direction : Jean-Luc Tingaud

Paris, Opéra-Comique, 13 décembre 2004



JAPO-NIAISERIE

Fasciné par le portrait d'une princesse japonaise, Kornélis souhaiterait pouvoir lui donner vie. Il n'a pas remarqué l'amour que lui porte sa cousine Léa et s'en désintéresse au profit de ses chimères. Kornélis découvre une recette miracle dans un livre de magie : une potion qui comblera ses voeux.

Ladite potion le plonge en effet dans des hallucinations : la princesse lui apparaît sous les traits de Léa, habillée à la japonaise.

Quand Kornélis se réveille, c'est pour se découvrir amoureux de sa cousine : tout est bien qui finit bien.

L'action est située en Hollande, ce qui confirme que, dès 1872, ce pays avait une réputation bien acquise d'usage immodéré des drogues dures aux effets hallucinogènes...

Sur ce livret charmant mais d'une rare insignifiance, Camille Saint-Saëns a commis une partition fine et élégante, renouvelant l'image de sérieux qui colle au compositeur. Les mélodies en sont charmantes et originales : si ça ne ressemble pas au Saint-Saëns que nous connaissons au travers des Samson et Dalila, Henry VIII ou Etienne Marcel, ça ne ressemble pas non plus à la production habituelle d'opéra-comique.

Alexander Swan campe un Kornélis tout en délicatesse. Spécialiste des rôles légers (la Manon Lescaut d'Auber à Wexford ou Almaviva du Barbiere à l'Opéra de Saint Etienne), son style est assez caractéristique d'une certaine école anglaise, illustrée par des chanteurs comme John Aler.

Autant dire que la partition ne lui pose aucun problème, la voix recourant largement au registre mixte, même dans le médium. On pourra toutefois préférer des émissions plus brillantes car celle-ci n'est pas exempte de monotonie.

Fille de l'immense ténor d'opérette Henri Legay, Aurélia tente de se faire un nom et nul doute qu'elle finira par y arriver. Des moyens très corrects, une bonne base technique, un abattage certain et surtout une prononciation soignée de la langue française (indispensable dans ce répertoire) : un exemple que pourrait suivre pas mal de ses compatriotes.

Créé en 1997 par le chef d'orchestre Jean-Luc Tingaud, à l'initiative de Manuel Rosenthal, l'orchestre "OstinatO" continue son petit bonhomme de chemin, en progrès constant à chaque nouvelle apparition.

La formation, de type "orchestre de chambre", qui réunit de jeunes instrumentistes, vise à leur offrir un apprentissage du métier de musicien d'orchestre.

Grâce à la direction attentive de Jean-Luc Tingaud, chanteurs et musiciens réussissent l'épreuve de la scène, sans que la qualité stylistique ne soit sacrifiée. 

Une jolie réussite.

L'ouvrage étant assez court (45 minutes), une première partie nous permet de découvrir d'autres aspects de l'art de Saint-Saëns.

Le mélodiste, au travers de L'Attente et de La Cloche, pour soprano, ou de L'Enlèvement pour ténor. Le musicien de chambre avec la Romance pour flûte et orchestre, où l'on apprécie le talent de Philippe Pierlot ; puis la superbe et surprenante Tarentelle pour flûte et clarinette avec Florent Héau.

Les pages symphoniques sont plus contrastées : la barcarolle Une nuit à Lisbonne ne convainc guère, au contraire du superbe Rouet d'Omphale.

Un programme diversifié et d'une grande intelligence comme on voit.
 
 
 

Placido Carrerotti
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