C O N C E R T S 
 
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PARIS
20/10/03

(Barbara Frittoli)
REQIUEM

Giuseppe VERDI

Barbara Frittoli (soprano)
Luciana D'Intino (mezzo soprano)
Vincenzo La Scola (ténor)
Carlo Colombara (basse)

Choeurs et Orchestre du Mai Musical Florentin

Direction : Zubin Mehta

Paris Théâtre des Champs Elysées, le 20 octobre 2003



Salle comble (malgré des prix astronomiques) pour cet unique concert de l'Orchestre du Mai Musical Florentin sous la baguette de son chef attitré, Zubin Mehta. Sur la papier (et pas seulement ( !) comme nous l'allons voir), la distribution vocale de ce Requiem n'est pourtant pas des plus brillantes, mais la notoriété de ce chef (à défaut de celle de l'orchestre) aura suffi à attirer les foules. Cela nous laisse songeur quand on voit que d'excellents spectacles récents n'ont pu remplir ce théâtre et lorsqu'on pense aux rares réussites de Mehta dans le domaine lyrique.

A défaut d'être véritablement émouvante, Barbara Frittoli est un miracle de beau chant : maîtrisant parfaitement la couverture des sons, la coloration de la voix, les piani(1) et les trilles, la soprano utilise magnifiquement toute la palette de son art pour nous offrir une performance envoûtante (à l'image de sa plastique !). 

Luciana D'Intino n'atteint pas les mêmes sommets ; il faut dire que nous sommes loin du grand mezzo : aigus un peu clairs de contraltino, graves artificiellement grossis ; à l'exception du "Libera me Domine", superbe, l'ensemble est simplement honnête.

Vincenzo La Scola fait ce qu'il peut pour suivre les demandes du chef, mais ses efforts sont malheureusement trop visibles (2) et on frise parfois l'accident. Le volume vocal reste quant à lui insuffisant : ce ténor ne peut donc plus jouer que sur la séduction de son timbre, qualité très subjective. On comprendra que dans ces conditions, le souci de la Scola ne soit pas d'émouvoir, mais bien plus tôt de s'en sortir sans trop de casse !

Difficile de juger de la performance de Carlo Colombara : celui-ci était annoncé souffrant et cela s'entend : voix blanche, chant précautionneux, il réussit néanmoins à venir à bout de la partition sans encombre. Rendez-vous manqué, donc.

Authentique maître d'oeuvre de ce concert, Zubin Mehta balaie pas mal des réserves que je pouvais avoir à son sujet, réservés inspirées par le souvenir de ses prestations précédentes.

Il tire vers le haut une phalange de réputation moyenne et obtient des résultats originaux et très intéressants en maints endroits : la fugue du "Sanctus", en particulier, met en valeur les contrepoints de la partition comme jamais n'ont pu y parvenir ni Abbado, ni Muti qui en pourtant ont rénové l'interprétation dans les dernières décennies. Les efforts exigés des solistes - en particulier privilégier le chant piano ou, plus exactement, conserver le même volume quelque soit la hauteur de la note émise, alors que, naturellement, on chant plus fort dans l'aigu - demeurent, hélas, relativement hors de portée de ses interprètes. Au final, pas mal de grandes et belles scènes, mais un manque de cohésion globale : un Requiem plus expérimental qu'abouti, mais captivant par ses singularités mêmes.
 
 

Placido CARREROTTI

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Notes :

(1) On lui pardonnera donc le craquage (extrêmement frustrant, cependant) du célèbre si bémol pianissimo final : "Requieeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeecrackboum".

(2) Le visage du chanteur varie du rose pâle (bas médium) au rouge pivoine (à partir du la aigu !) : c'est Hulk en rouge !
 
 

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