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VERSAILLES
02/12/2006
Philippe DO
© DR
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1797)
Symphonie « Paris » KV 297
Henri-Joseph Rigel (1747-1799)
La Destruction de Jéricho
La Sortie d'Égypte
Jephté
Isabelle Poulenard, soprano
Philippe Do, ténor
Alain Buet, baryton
Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles
Les Folies françoises
(Direction musicale : Patrick Cohen-Akénine)
Direction : Olivier Schneebeli
Samedi 2 décembre 2006. Versailles, Chapelle Royale
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« Ciel ! Ô ciel ! De mon fils, j’ai vu tomber la tête…»
Poursuivant le cycle de l’Automne musical du Centre de Musique Baroque de Versailles avec les Grandes Journées Mozart
(hum, hum), nous nous retrouvons avec plaisir dans la froidure de la
Chapelle royale. Alors que la tribune d’honneur reste
désespérément vide, retentissent les
premières mesures de la Symphonie
« Paris » du jeune Wolfgang Amédée,
créée pour ouvrir la séance du Concert Spirituel
de la Fête-Dieu en 1778, sous la conduite de Patrick
Cohen-Akénine. La battue est lourde, les articulations
outrées, les nuances primaires. Et en dépit d’un
dernier mouvement joué avec plus d’ampleur et de
conviction, on a bien envie de renvoyer l’arrogant Autrichien au
pays des gâteaux à la crème, un arrêté
préfectoral de reconduite à la frontière pour
préservation de l’ordre musical en poche.
Place à notre Joseph-Henri Rigel national, donc. Olivier
Schneebeli monte sur l’estrade, et voilà l’orchestre
métamorphosé par ses gestes dansants. Précises,
dynamiques, évocatrices, Les Folies françoises
démarrent en trombe, ravies de nous faire découvrir ces
trois oratorios très opératiques, dont le style peut
être rudement comparé à un mélange de
Jomelli (son maître), Hasse, Graun et Gluck. Au passage, les
livrets anonymes sont d’une pauvreté navrante qui confine
à la plaisanterie. Car enfin, a-t-on jamais vu prose aussi
affligeante que « De nos enfants les
premiers-nés / Entre nos bras, sont
moissonnés », « Mais l’onde
frémit / La vague retombe et nous engloutit », ou
encore « De notre encens parfumons les
chemins » ?
Revenons donc à la musique, et oublions l’habillage
dramatique. En dépit de l’acoustique peu favorable aux
solistes mais parfaite de rotondité pour les chœurs,
Isabelle Poulenard (remplaçant Valérie Gabail) se lance
vaillamment dans un air de bravoure « Si de nos climats
odieux » et en franchit avec une grâce mutine toutes
les coloratures. Ce n’est hélas pas le cas d’Alain
Buet, didactique dans les récitatifs, forçant visiblement
trop sur sa voix au détriment de la musicalité dans les
airs, caricature de beau ténor verdien soupirant à pleine
voix au clair de lune. Nous avions pourtant
apprécié la chaleur et l’onctuosité de son
timbre dans de jolis motets de Nicolas Formé
chez Alpha… Enfin, le puissant et clair Philippe Do s’est
avéré techniquement impressionnant, même si
l’émotion n’était guère au
rendez-vous.
Le principal intérêt de la soirée a
été la beauté éblouissante des
chœurs. Equilibrés, dynamiques, aérés, les
Chantres du CMBV se sont impliqués corps et âme depuis la
dernière scène de la Sortie d’Egypte, martiale et victorieuse, au doux « cantique de jeunes filles israéliennes » de La Destruction de Jéricho. C’est justement leur quasi absence de Jephté
qui en fait l’œuvre la plus faible d’un programme qui
fera prochainement l’objet d’un disque chez K617 et
où les airs solistes seront peut-être mieux audibles et
appréciés…
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