les concerts de Forum Opera
Rigoletto Giuseppe Verdi (15/09/01) |
Mise en ScèneÝ: Jérôme Savary (réalisée par Nicolas Marty) DécorsÝ: Michel Lebois CostumesÝ: Jacques Schmidt et Emmanuel Peduzzi LumièresÝ: Allain Poisson ll duca di MantovaÝ: Fabio
Sartori
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En attendant la création d'Attila visiblement très attendue (les places ont été prises d'assaut), l'Opéra National de Paris nous repasse la plat désormais un peu réchauffé du Rigoletto de Savary. Que dire du travail de Savary ? Pas grand chose à dire vrai tant la mise en scène est insipide, les décors terriblement artificiels et les costumes dignes d'une production de l'Opéra de Sydney. La direction d'acteur, déjà faiblarde l'année de la création est totalement inexistante et laisse les chanteurs livrés à eux même, relevant de ce fait leur personnalité artistique avec qualités et défauts. Côté plateau, celui-ci est d'un haut niveau, ce qui est une habitude à Bastille, et est tout naturellement dominé par la couple formé par Léo Nucci et Ruth Ann Swenson. Impossible de le nier, Nucci est un très grand baryton verdien. Cependant l'absence de direction d'acteurs évoquée plus haut l'incite à se laisser aller à un peu de cabotinage avec yeux hagards, pleurs, note tenue un éternité, etc... C'est dommage car cela caricature un peu le travail de ce grand artiste. La réaction du public fut symptomatique à ce sujet : tonnerre d'applaudissementsÖet quelques huées diffuses. Mais le constat est là : Nucci nous fait oublier les autres Rigoletto des années précédentes (et en particulier Juan Pons qui fut très médiocre lors de la reprise de mai 2000). Comme dans le cas de Nucci, Ruht Ann Swenson interprète sa Gilda certainement de la même façon qu'elle l'a fait sur toute les scènes internationales (seul le costume change) mais d'une façon exquise. Ecouter Swenson donne la même impression qu'un bonbon au miel : voix douce et sucrée, aigus maîtrisés, ligne de chant impeccableÖ un vrai bonheur ! Dommage que son jeu dramatique soit assez limité. Mais elle forme avec Nucci un duo remarquable et rare, même à Bastille. En matière de jeu limité, Fabio Santori, qui interprète le Duc de Mantoue, est le champion de la soirée. La voix est agréable mais sans plus. Quant à l'intention musicale, ne la cherchez pas, toutes les notes sont chantées de la même façon. On regrette amèrement Marcello Alvarez qui, n'en doutons pas, sera l'un des piliers de la deuxième distribution. Les autres interprètes sont également d'un très bon niveau en particulier Whilard White en Sparafucile (du luxe pour un rôle assez court) et Nancy Herrera en Maddalena. La direction de Daniel Oren m'a personnellement laissé très sceptique. On se demande s'il n'a pas confondu la partition de Rigoletto avec celle de Nabucco. C'est fort, c'est nerveux, mais c'est souvent beaucoup trop rapide pour que les chanteurs soient à l'aise (mais, ô surprise, peu de décalages). En aucun cas, on ne ressent la formidable progression dramatique qui constitue une des grandes caractéristiques de ce chef d'úuvre. Bref, un soirée typique de Bastille !
Bertrand Bouffartigue
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