C O N C E R T S 
 
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MILAN
03/04/05

Daniella Barcellona
Georg Friedrich HAENDEL

RINALDO 

Livret de G. Rossi et A. Hill

Rinaldo : Daniela Barcellona
Almirena : Annick Massis
Goffredo : Tamislav Muzek
Argante : Mark Steven Doss
Armida : Darina Takova
Il Mago cristiano : Vito Priante
Donna : Sae Kyung Rim
Han Ying Tso, Raffaella D'Ascoli : due sireni
Un araldo : Christian Senn Vasquez

Décors, costumes et mise en scène de Pier Luigi Pizzi
Direction musicale d' Ottavio Dantone

Teatro degli Arcimboldi
Scala de Milan, le 3 avril 2005



La première de Rinaldo a enfin pu avoir lieu à la Scala avec 24 heures de retard, suite à la grève du 2 avril, date à laquelle le maestro Muti annonçait qu'il démissionnait.

On ne peut pas dire que l'opéra baroque en langue italienne attire le public milanais. On imagine qu'un Verdi ou un Puccini ne laisserait pas les premier et deuxième balcons aux trois quarts vides comme ce fut le cas pour Rinaldo. Et la centrale de réservation des autres représentations est loin d'afficher complet. Il y avait plus de monde pour la première de Giselle la veille.

Il faut dire que sortir de Milan pour se perdre dans une zone industrielle offre moins d'attraits que la "maison mère" du centre ville, même si le Théâtre degli Arcimboldi offre les garanties d'un auditorium moderne, à commencer par la visibilité et l'acoustique.

Fidèle à lui-même, Pier Luigi Pizzi signe un Rinaldo baroque à souhait. Ses personnages sont juchés sur des piédestaux que des figurants poussent, tirent ou font tourner. D'autres figurants sont chargés d'agiter les capes de nos héros. A deux ou trois figurants par piédestal et par cape, on imagine aisément le nombre de personnes qu'il a fallu engager pour cette production. Quand plusieurs personnages sont en scène, les déplacements doivent être parfaitement réglés pour éviter les heurts d'"autos tamponneuses"et rendre les mouvements aussi fluides que possible. Une logistique assez lourde mais bien en place. Les costumes colorés et les décors à colonnades et grille centrale sont dans la plus pure tradition "pizzienne".

Deux belle sirènes apportent une petite touche érotique, mais l'ensemble est de bon goût, bien éclairé, très esthétisant, volontairement maniéré.
 
Sur le plan musical, c'est un Rinaldo sans contre-ténor et avec coupures. Si l'on décompte l'entracte, il peut tenir sur deux CD. Pour les fanatiques de Haendel, c'est un peu dommage que certains airs soient passés aux oubliettes. Ce reproche étant fait, la direction d'Ottavio Dantone adopte des tempi justes et sait rester attentive aux chanteurs.

Si l'on excepte les seconds rôles, bien tenus, ne restent réellement sur scène que cinq personnages. Côté masculin, le ténor Tomislav Muzek déçoit un peu en Goffredo. On aimerait une vocalisation plus sûre et une voix mieux projetée.

Heureuse surprise, par contre, que la basse Mark Steven Doss, Argante dont la partie est loin d'être facile. Le timbre n'est pas extraordinaire mais l'interprète a du mordant, du souffle et une ligne de chant intéressante. 

Chez les femmes, Darina Takova campe une magicienne plausible scéniquement et un peu en retrait vocalement. Il lui manque cet aplomb, cette projection insolente qui emportent totalement l'adhésion. Annick Massis interprète une Almirena musicale et sensible; la soprano sait prendre des risques quand il le faut : un ravissant aigu tenu à la fin de son dialogue avec les oiseaux, ou un beau phrasé sur le souffle dans "Lascia ch'io piango" pour ne citer que deux exemples. Quant au rôle-titre, Daniela Barcellona en offre une incarnation équilibrée. Virtuose ou retenue (émouvant "Cara sposa"), la mezzo n'extrapole pas des cadences folles comme d'autres interprètes avant elle, ou comme elle-même a pu le faire dans le passé. L'aigu n'est pas trop sollicité, pas d'incursion dans le grave comme dans sa Semiramide romaine, mais un portrait convaincant quoique sage du héros du Tasse.

Lors des saluts, mal réglés il faut le dire, quelques spectateurs quittent déjà la salle. Est-ce à dire qu'un Haendel, même coupé, est trop long pour certains ?
 
 

Valéry FLEURQUIN
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