C O N C E R T S
 
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GENEVE
Grand Opéra
14/11/2001
 
Maria di Rohan

Gaetano DONIZETTI

Orchestre de la Suisse Romande
Choeur du Grand Théâtre de Genève

Direction: Evelino Pido
Mise en scène et décors: Giorgio Barberio Corsetti

Maria di Rohan: Annick Massis
Riccardo, conte di Chalais: Octavio Aravedo
Enrico, duca di Chevreuse: Stephen Salters
Armando: Ruben Amoretti
De Fiesque: Alexandre Vassiliev
Visconte di Suze: Nicolas Carré
Aubry: José Pazos
Familiare Slobodan: Stankovic

 


Que connaît-on de Donizetti ? Lucia di Lammermoor, l'Elisir d'amore, Don Pasquale, la Favorita auxquels les plus érudits ajouteront Lucrezia Borgia, Anna Bolena, Linda di Chamounix et Roberto Devereux. Mais lorsque l'on sait que Donizetti a écrit pas moins de 70 opéras, autant dire que cette Maria di Rohan, jamais représentée à Genève auparavant, était attendue avec impatience et curiosité. Et disons-le sans ambages, sur le plan de la partition, on ne fut pas déçu. Car c'est non seulement du Donizetti, mais du très bon Donizetti. C'est à se demander comment il se fait que cette oeuvre n'apparaisse pas plus souvent au programme des maisons d'opéras, car elle n'est pas trop difficile à distribuer : comme souvent dans ces opéras du XIXe siècle, il faut une soprano, un ténor, un baryton, quelques petits rôles, un choeur et le tour est joué.

L'histoire, quant à elle, est typique des opéras italiens romantiques. Jugez plutôt : un ténor, nommé Riccardo, est follement amoureux d'une soprano qui se trouve être la femme de son meilleur ami, un baryton. Les deux s'aiment mais ne veulent pas déshonorer la soprano, raison pour laquelle leur relation restera platonique. Le baryton sauve la vie de son ami, puis, par hasard, découvre l'amour que celui-ci porte à son épouse. Fou de jalousie et de douleur, il tue celui qui était son ami. Vous avez dit "déjà vu" ? Tout ça pour dire que l'intérêt dans ce spectacle était avant tout musical. Et ce n'est pas la mise en scène, dépouillée au possible, qui contredira mes propos. En guise de décors, deux parois coulissantes blanches et un fond de scène tantôt bleu, tantôt rouge, des costumes XIXe siècle (pour une histoire censée se dérouler sous Louis XIII), bref pas grand-chose à se mettre sous la pupille.

Restait la musique. On sait qu'entre l'OSR et l'opéra italien, c'est loin d'être une histoire d'amour et malgré toute la bonne volonté d'Evelino Pido, la sinfonia nous laissa sur notre faim. Mais le chef italien se montra autrement plus inspiré dès que l'on commença à chanter. Et pour ce qui est des chanteurs proprement dits, on regrettera chez chacun une trop grande retenue vocale. C'est propre, mais les chanteurs chantent trop avec leurs têtes et pas assez avec leurs tripes. Malgré cela, cette production aura permis au public genevois de découvrir une soprano qui fera beaucoup parler d'elle ces prochaines années. Alliant une voix magnifique à une technique sans faille et une musicalité de tous les instants, Annick Massis, l'interprète du rôle titre, aura été la grande triomphatrice de cette soirée. J'aimerais pouvoir en dire autant de ses partenaires. Le baryton Stephen Salters a une grande voix (quoi qu'un peu claire à mon goût), mais est hélas incapable de prêter vie au personnage du Duc de Chevreuse, jouant comme un pantin désarticulé et chantant des notes au lieu de faire de la musique. Plus grave encore, le ténor Octavio Abalero (remplaçant Raùl Gimenez, malade) essayait, lui, de donner de la vie au personnage de Riccardo de Chalais, mais en coinçant quasiment tous ses aigus et en étant souvent en froid avec la justesse. Mais malgré ces bémols, cette Maria di Rohan était néanmoins une pièce à écouter absolument. Pour Annick Massis et plus encore pour Gaetano Donizetti.
 
 
 

Antoine Bernheim
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