C O N C E R T S 
 
...
[ Sommaire de la rubrique ] [ Index par genre ]
 
......
ROME
23/02/05

Anna Rita Taliento
© DR
SEMIRAMIDE

Gioacchino ROSSINI

Livret de Rossi d'après Voltaire

Semiramide : Anna Rita Taliento
Arsace : Carmen Oprisanu/ Daniela Barcellona
Assur : Michele Pertusi
Idreno : Andrea Giovannini
Azema : Claudia Farneti
Oroe : Ugo Guagliardo
Mitrane : Fernando Cordeiro Opa
L'ombre de Nino : Alessandro Guerzoni

Choeurs préparés par Andrea Giorgi

Lumières : Vincenzo Raponi
Mise en scène, décors et costumes : Pier Luigi Pizzi

Choeurs et orchestre de l'opéra de Rome
Direction musicale : Gianluigi Gelmetti

Rome, 23 février 2005

Il faut croire que Rome n'a pas un public fidèle et que la capitale de l'Italie ne dispose pas d'un grand nombre de dilettanti. Le nombre de places vides est quelque peu inquiétant surtout quand l'oeuvre n'est pas donnée dix ou douze fois, mais sept. Le même ouvrage donné l'an dernier en version intégrale à Madrid faisait salle comble pour un plus grand nombre de représentations. A Rome, certains spectateurs partent avant la fin du spectacle...

Il faut dire que la soirée ne passera pas dans les annales. Tout d'abord nous nous attendions à une exécution intégrale mais certaines coupes se sont abattues sur la partition. Ainsi le premier air d'Idreno disparaît. Faut-il s'en réjouir quand on entend la vocalisation laborieuse du ténor ce soir-là ?

Si Michele Pertusi nous est annoncé comme le remplaçant de Mirco Palazzi, en revanche, aucune annonce n'avait été faite concernant Carmen Oprisanu. Or celle-ci se présente avec une voix à peine audible, sans graves ni aigus, émettant une série de couacs dans des passages pourtant peu exposés. Méforme passagère ou imprudence face au rôle périlleux d'Arsace? Sa Rosine entendue quelques semaines plus tôt à Vienne nous avait tout de même semblé convenable à défaut d'être mémorable. Elle chante donc ce qu'elle peut de son air d'entrée, de son duo et se voit remplacée au cours de l'acte par Daniela Barcellona. Nous entendons enfin une voix, prudente dans l'aigu mais avec une bonne assise et des graves impressionnants (1).

Prudent aussi, mais cette fois-ci dans la virtuosité, tel se montre Michele Pertusi. Ceci dit, son Assur est d'une bonne tenue générale et fort applaudi. Andrea Giovannini en Idreno laisse craindre le pire dès ses premières vocalises. Il nous fait amèrement regretter Antonino Siragusa, qui alternait avec lui à Rome et nous avait laissé un bon souvenir à Madrid, l'an dernier. Son deuxième air n'est pas coupé, lui, mais il nous indiffère tant il est platement exécuté.

Reste la Semiramide d'Anna Rita Taliento. La voix possède un timbre accrocheur et les traits sont fluides, sans être transcendants. Mais il ne faudra pas exiger des aigus brillants ni des feux d'artifice de cette jeune soprano. L'incarnation est d'autant plus méritoire que Pizzi la fait rester en scène du début à la fin. Quand elle ne chante pas, la reine de Babylone s'allonge (et rêve ?) sur le lit occupant le centre de la scène.

La direction de Gelmetti déçoit, non seulement pour les coupures, mais aussi quelques tempi, engourdis. Quitte à choisir, nous préférons une direction fougueuse et trop rapide à celle qui ralentit trop souvent. Parmi les choeurs, le pupitre des ténors attaque trop bas les aigus... Aigus dont les principaux solistes seront avares d'une manière générale.

Terminons avec la nouvelle production de Pier Luigi Pizzi. Décor unique : entre mausolée et église baroque, avec le lit de Semiramide au centre. Pas de Semiramide antique mais un grand prêtre Oroe habillé comme un évêque de l'époque de Voltaire. Les choeurs entrent et sortent assis sur des gradins qui glissent de chaque côté de la scène. Seuls les solistes chantent donc debout. Comme souvent chez Pizzi, le résultat est esthétiquement réussi, mais un peu ennuyeux. Ceci dit, cela vaut mieux que le vaisseau spatial de Pesaro revu à Madrid !
 
 

Valéry FLEURQUIN
____

(1) Pour la petite histoire, Daniela Barcellona, dans son deuxième duo avec Semiramide, ornemente vers le grave au point de descendre jusqu'au... si grave, certes peu timbré, mais rarement entendu sur scène par une voix de femme.

[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]