C O N C E R T S 
 
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PARIS
08/12/03
(© Opéra Comique )
Adolphe ADAM (1803-1856)

LE TOREADOR
ou
L'accord parfait

Opéra bouffon en deux actes
sur un livret de Théodore Sauvage

Représenté pour la première fois à Paris
au Théâtre National de l'Opéra Comique le 18 mai 1849

Version de concert

Direction Musicale : Jean Luc Tingaud

Orchestre Atelier Ostinato

DISTRIBUTION

Don Belflor, toréador en retraite : Marc Barrard, baryton
Coraline, sa femme : Magali Léger, soprano
Tracolin : Simon Edwards, ténor

Opéra Comique  - Salle Favart
Lundi 8 décembre 2003



FAVART CÉLÈBRE UN ANNIVERSAIRE OUBLIÉ...
 

En cette année du bicentenaire de Berlioz, on ne peut qu'être reconnaissant à la Salle Favart et en l'occurrence à son directeur, Jérôme Savary, d'avoir fêté cet autre compositeur, moins imposant, certes, mais qui se retrouvait ce soir-là dans sa vraie maison, celle où furent créées la plupart de ses oeuvres lyriques. 

Quand on lève la tête pour admirer le plafond de l'Opéra-Comique, on peut remarquer qu'Adam y figure en bonne place, au même titre que Mozart et précisément Berlioz. Certains de ses opéras, comme Le Chalet, le Postillon de Longjumeau ou Si j'étais roi, y furent donnés avec beaucoup de succès au XIXème siècle, mais, de nos jours, c'est surtout grâce à son ballet, Giselle, et à son très célèbre chant de Noël, "Minuit, Chrétiens", qu'il n'a pas sombré dans l'oubli.

C'est pourquoi entendre ce Toréador le 8 décembre dernier à Favart était intéressant à plus d'un titre, l'oeuvre étant rarement donnée, même si un très bel enregistrement paru en 1996 chez Decca avec Sumi Jo, John Aler et Michel Trempont, sous la direction de Richard Bonynge, a contribué à mieux le faire connaître.

Il s'agit d'un vaudeville à résonance hispanique mettant en scène l'éternel trio du mari, de la femme et de l'amant de celle-ci. Curieusement, après bien des tribulations, l'oeuvre se conclut sur une sorte de statu quo vantant les mérites du ménage à trois, le sous-titre "ou l'Accord parfait" ayant d'ailleurs, à l'époque, été supprimé par la censure.

Musicalement, l'inspiration en est plutôt riche, digne héritière de Grétry et de Boieldieu, elle annonce aussi un peu Offenbach par sa verdeur et sa truculence. Les airs en sont brillants, en particulier ceux de Coraline, véritables feux d'artifice pour soprano colorature, et on retiendra le célèbre trio "Ah vous dirai-je maman", passé, lui, à la postérité, ainsi qu'un hilarant "Hymne à la bouteille".

Le public venu fort nombreux n'eut pas à le regretter, car les protagonistes de cette soirée lui offrirent un véritable petit bijou !

En tête de distribution, le charme et l'abattage de Magali Léger font merveille. Piquante, séduisante, mutine, sans une once de vulgarité, habillée de manière ravissante par Marc Chaoul, l'artiste a une présence scénique captivante et finalement irrésistible. La voix est légère, certes, mais précise, musicale, bien timbrée et la diction est irréprochable.

Marc Barrard, inénarrable Raimbaud du Comte Ory dans ce même théâtre en février et mars 2003, campe un toréador retraité haut en couleurs, sa voix riche en harmoniques donne une belle autorité à ce personnage pourtant un peu ridicule mais qui, grâce à lui, trouve une certaine dignité.

Simon Edwards est un Tricolin de belle allure et de grand style, même si la voix semble parfois un peu trop frêle pour ce rôle d'amant non négligeable et non négligé d'ailleurs.

On peut saluer chez ces deux artistes la même qualité de diction que chez leur partenaire.

Quant à l'orchestre Ostinato, associé pour cette saison à l'Opéra -Comique et composé de jeunes musiciens encore en formation, il fut tout à fait à la hauteur de sa tâche, rondement mené par Jean-Luc Tingaud, qui contribua largement à soutenir la verve des chanteurs.

On aimerait pouvoir assister aussi souvent que possible à ce genre de soirée délicieuse où la bonne humeur rivalise avec le plaisir partagé de faire de la musique. Le public ne ménagea d'ailleurs pas son enthousiasme et se vit offrir en bis une reprise du fameux "Ah vous dirai-je maman".

Alors, merci, Monsieur Adam, et bon anniversaire...
 
 

Juliette BUCH


En savoir plus .... lire notre dossier consacré à l'Opéra Comique
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