DE CHARYBDE EN SCYLLA ...
Je n'avais pas prévu initialement
d'assister à cette reprise de Tosca, la distribution annoncée
(Sylvie Valayre, Franco Farina et Jean Philippe Lafont) étant identique
à celle d'octobre 2000 (à l'exception du chef : Maurizio
Benini remplaçant Marcello Viotti, ce qui ne justifiait pas de casser
sa tirelire).
Le désistement de Franco Farina
quelques semaines avant la première m'avait fait changer d'avis
: Vladimir Galouzine était a priori un remplaçant
de luxe, bien supérieur au "remplacé".
Il faut reconnaître que, depuis
quelques mois, plusieurs critiques médiocres étaient venues
jalonner la carrière de ce chanteur, jugement négatifs difficilement
compatibles avec le souvenir de son exceptionnel Ghermann à Bastille
en 99.
Son Mario parisien vient confirmer
les pires appréhensions : les notes ne passent plus qu'en force,
le timbre est détérioré, bref, la voix semble profondément
abîmée et l'écoute est pénible. Uniquement préoccupé
de sortir des sons, Galouzine abandonne toute velléité de
caractérisation dramatique : le contraste est pitoyable avec ce
que cet artiste a pu donner par le passé. Souhaitons que cette fatigue
ne soit que passagère, mais gardons-nous de tout optimiste exagéré
car l'artiste n'est plus tout jeune et ce soir là ... on regrettait
Farina !
Comme en 1999, Sylvie Valayre incarne
une Tosca plus femme que diva. Le volume est un peu faible, le timbre peu
caractérisé, mais l'engagement est indéniable, même
s'il manque un peu de "pathos" puccinien, et les notes sont bien là.
Jean Philippe Lafont est en progrès
par rapport à sa précédente incarnation : la voix
est mieux conduite, la caractérisation plus subtile et si on a entendu
des timbres plus chaleureux, ce n'est pas rédhibitoire pour ce rôle.
Les seconds rôles sont bien tenus,
à l'exception du sacristain d'Alfredo Mariotti qui fait bien rire
la salle, mais se révèle incapable de chanter les notes telles
qu'elles sont écrites et se voit obligé de tricher avec la
partition : un public italien l'aurait autrement mal accueilli ...
Maurizio Benini dirige un peu rapidement
et un peu bruyamment, mais l'ensemble est techniquement en place.
La mise en scène est inchangée,
hélas, et nous ne reviendrons pas dessus.
Comme en février avec Nelly
Miricioiu, Nicolas Marty assure la reprise, mais avec moins de réussite
au niveau de la direction d'acteurs.
Placido Carrerotti