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NEW-YORK
14/05/05

Sylvie Valayre
TOSCA

Opéra en 3 actes de Giacomo Puccini
D'après la pièce de Victorien Sardou

Production : Franco Zeffirelli
Costumes : Peter J.Hall

Floria Tosca : Sylvie Valayre
Mario Cavaradossi : Marcello Giordani
Barone Scarpia : James Morris
Le sacristain : Paul Plishka 
Angelotti : James Courtney 
Spoletta : Bernard Fitch 
Sciarrone : Richard Vernon 
Un berger : Deena Sydney Fink
Le geôlier : LeRoy Lehr 

Orchestre et Choeurs du Metropolitan Opera de New-York
Direction : James Conlon

New-York, Metropolitan Opera, le 14 Mai 2005

VÉRITÉ AU-DELÀ DE L'ATLANTIQUE ...

Tosca : Sylvie Valayre, Marcello Giordani, James Conlon ... Sommes-nous à New-York ou bien à Bastille aux beaux temps de l'ère Gall ? Le hasard des programmations est parfois facétieux envers le voyageur lyrique !

Je confesse que je suis venu à cette représentation sans enthousiasme excessif ; à l'arrivée pourtant, une soirée fort honorable qui démontre que la vigueur des poissons rouges dépend aussi de la qualité du bocal !

Tosca sans grande aura à Bastille (1), Sylvie Valayre campe ici un personnage attachant scéniquement : une jeune fille follement amoureuse au premier acte, et même un peu collante, une femme blessée qui ne comprend plus ce qui lui arrive à l'acte suivant, mûrie par l'adversité au dernier acte.

Vocalement, le registre d'expression est plus limité mais on apprécie une voix pleine sur toute la tessiture, à l'aise dans les aigus, sans ce vibrato excessif que connaissent rapidement bon nombre d'interprètes de ce répertoire. Dommage que le volume soit un peu faible : l'acoustique du Metropolitan est clémente avec les voix, mais son public a l'habitude d'y entendre en Tosca les gosiers les plus robustes de la planète ; aussi l'accueil au rideau final est-il un peu inférieur à ce qu'aurait mérité cette artiste.

Marcello Giordani (2) campe un Mario Cavaradossi aux aigus électrisants, très investi scéniquement ; Sylvie Valayre et lui forment un couple parfaitement assorti et théâtralement crédible : ce qui prouve qu'il n'est pas toujours nécessaire de sacrifier l'un à l'autre. Souvent engagé dans des répertoires plus belcantistes, le ténor sicilien est décidément plus à l'aise dans des tessitures moins tendues où sa voix réussit à garder l'homogénéité qui lui fait autrement défaut.

L'inusable James Morris est un Scarpia dramatiquement parfait et vocalement impeccable ; son timbre noir et son émission un peu nasale conviennent parfaitement au personnage qu'il connaît par ailleurs sur le bout des ongles.

Nous retrouvons également avec plaisir les seconds rôles habituels du Metropolitan, au premier rang desquels le vétéran Paul Plishka, toujours admirable. A noter le berger de Deena Sydney Fink, d'un tout autre niveau que ceux des éditions précédentes : une voix remarquablement belle, juste et puissante.

A la tête de l'orchestre du Metropolitan, nous retrouvons l'ancien directeur musical de l'Opéra de Paris (3). La direction est nerveuse, précise, mais pas toujours très théâtrale. Conlon s'attache à mettre l'accent sur les subtilités de l'orchestration, faisant ressortir des détails (au propre du terme) "inouïs". Sans être convaincus totalement, nous restons satisfaits d'échapper aux langueurs de James Levine qui a trop souvent dirigé l'ouvrage au Met ces dernières saisons.

Le spectacle ayant déjà été commenté de nombreuses fois dans ces colonnes, on ne reviendra pas en détail sur la production de Franco Zeffirelli : un cadre "réaliste" (si ce terme a un sens à l'opéra) d'une beauté classique, qui sert d'écrin à une mise en scène réglée par un des talentueux assistants de la maison Metropolitan (4). L'essentiel ici, c'est que le spectacle fonctionne bien : chanteurs, chefs, orchestre et production formant un ensemble cohérent qui, sans révolutionner la lecture de l'ouvrage, en donne une interprétation d'une grande intégrité.
 
 

Placido CARREROTTI
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Notes

1. En 2000 aux côtés de Franco Farina, en 2002 avec Vladimir Galouzine.

2. Giordani a également été entendu à Bastille, à l'automne 2003 ; sa Tosca était Fiorenza Cedolins.

3. James Conlon a également dirigé Tosca à Paris, mais à Garnier lors de la saison 1984-1985 ; la première fois avec Hildegarde Behrens, Luciano Pavarotti et Gabriel Bacquier ; la seconde avec Raina Kabaivanska, Giaccomo Arragal et Sherrill Milnes.

4. Pour les curieux qui s'intéresseraient aux fluctuations de la production originale, on retrouve l'acte I à l'identique de la création, avec le praticable du haut duquel Cavaradossi semble repeindre la Chapelle Sixtine ; en revanche, le dernier acte nous voit toujours privé de l'effet d'ascenseur entre la geôle de Mario et la terrasse du Château Saint Ange, rendant l'introduction un peu laborieuse par un défilé incessant de figurants.

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