les concerts de Forum Opera
Turandot
(21/10/01) |
Décors - Heinz BALTHES Costumes - Manuel VELAZQUEZ Orchestre Philarmonique de Strasbourg
Turandot - Janice
BAIRD
Choeurs de l'Opéra du Rhin
- Choeurs Orpheus de Sofia
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Jamais le parallèle entre ces deux personnages níaura été plus flagrant que dans la mise en scène de Renate Ackermann pour cette nouvelle production du dernier ouvrage de Puccini. Cela est dû díune part (et
pas la moindre) au physique de la chanteuse qui incarne Turandot, la très
remarquable Janice Baird: enfin une Turandot FINE, BELLE, FEMININE, JEUNE
(ça nous change des cantatrices bien en chair que líon trouve le
plus souvent dans ce genre de rôles...) et díautre part à
une conception du personnage que jíai trouvée très intéressante.
Par exemple, líapparition de Turandot au 1° acte níest pas du tout
solennelle comme on a líhabitude de la voir (et comme la musique y invite
un peu díailleurs), non, au contraire, Turandot arrive en courant, accompagnée
de ses suivantes, telle une véritable gamine qui en fait voir à
son vieux père díEmpereur... et telle Salomé qui níen fait
quíà sa tête.
Aussi, sa métamorphose au III° acte ne sera que plus émouvante, et plus crédible... Jamais je níai pris autant de plaisir que dans ce final díAlfano, qui souvent est ennuyeux et ìartificielî. Rien de celà ici, beaucoup de vérité, díémotion: on croit à líamour de Turandot pour Calaf. Toute la mise en scène
se centre sur les personnages et non sur le decorum parfois envahissant
dans cet ouvrage. Rien de celà ici. Pas díexotisme à outrance,
mais un décor sobre, remarquablement éclairé, représentant
une scène ronde entourée díune rampe ascendante en colimaçon,
en forme de point díinterrogation et de lune, et aboutissant à un
balcon (celà rappelle un peu le décor de la production de
Salomé que Karajan dirigea à Salzbourg dans les années
70 avec Hildegard Behrens...!).
Si le physique de Janice Baird tranche avec les Turandot que líon a líhabitude de voir, sa voix tranche aussi un peu avec ces mêmes Turandot inhumaines comme Birgit Nilsson. Sa voix est en effet claire, jeune, sans vibrato envahissant, et cadre extraordinairement avec la conception de la metteur en scène. Les aigus, terribles, sont superbes, même síils ne semblent pas aussi ìfacilesî que ceux de Nilsson, le medium níest pas en reste. Mais il est difficile de ne parler que de la voix de cette chanteuse tant cette voix semble faire corps avec le personnage... La Calaf de Janos Bandi est un
peu frustre, mais il assure ses aigus vaillamment. Le timbre est beau bien
quíun peu nasal.
Comme toujours à Strasbourg, les choeurs sont splendides. Le travail effectué durant 10 saisons par la jeune chef chinoise Ching-Lien Wu síentend: une homogénéité, une puissance et une grande beauté sont la marque de ce choeur remarquable. Espérons que Michel Capperon, qui nous vient díAvignon, saura entretenir ce niveau de qualité, et succéder dignement à Ching-Lien Wu, qui est dorénavant à líOpéra de Genève. La direction de Jan Latham-Koenig est très analytique, presque ìobjectiveî, tout juste regrette-t-on quíil ne se ìlâcheî pas parfois, mais on ne peut lui reprocher líapproximation. Líorchestre, un peu vert le soir de la première, ne pourra que síaméliorer quand on sait son excellence. Une ouverture en fanfare de la
saison !
Pierre-Emmanuel
Lephay
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