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METZ
16/03/03
(Maria D'Aragnès)
Benjamin Britten
The Turn of the Screw
Direction musicale : Jacques Mercier
Mise en scène : Bernard Broca
Décors et costumes : Jean-Pierre
Capeyron
Lumières : Patrice Willaume
La gouvernante : Ghyslaine Raphanel
Mrs Grose : Martine Surais
Le Prologue ; Peter Quint : Paul Kirby
Miss Jessel : Maria d'Aragnès
Miles : Catherine Migeon
Flora : Valérie Bousquet
Metz, Opéra, 16 mars 2003
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Ce Turn
of the Screw est la reprise d'une production de 1997 mise en scène
par Bernard Broca, qui vient de disparaître en décembre dernier.
C'est Laurence Dale, le nouveau directeur de l'Opéra de Metz, aidé
de l'éclairagiste qui avait assuré les lumières en
1997, Patrice Willaume, qui a repris le travail de Bernard Broca.
Après avoir vu la mise en scène,
qui frisait la perfection, de Luc Bondy au festival d'Aix-en-Provence en
2001, ou le travail très intéressant de Keith Warner à
la Monnaie de Bruxelles en 1998, on a un peu la sensation de tomber sur
les talons face à l'esthétique et la vision de Bernard Broca,
qui, sans être risible, fait parfois sourire (le costume et la coiffure
"fantomatiques" de Miss Jessel, le costume "sucré" de Flora proches
du grotesque) ou agace (les enfants ne cessent de se chamailler au début
de l'acte I, l'omniprésence de la gouvernante à son bureau...).
Il manque en outre une touche de sensibilité comme des signes de
tendresse de la Gouvernante pour les enfants ou la marque d'une complicité
entre Miles et Flora. Petit à petit cependant, du fait surtout de
beaux éclairages, on se laisse envelopper par l'univers sombre et
angoissant qui s'installe au fur et à mesure des tableaux, les moments
les plus réussis étant les fins d'actes.
Cette sensation est aussi due pour
une large part à la très belle direction de Jacques Mercier
à la tête de membres, parfaits, de l'Orchestre National de
Lorraine.
Ghyslaine Raphanel incarne une convaincante
Gouvernante, peut-être un peu trop monolithique cependant, et dont
la voix accuse un vibrato un peu gênant, mais qui emporte l'adhésion,
notamment dans la scène finale, où elle chante ses derniers
mots avec une voix d'enfant, comme si elle cherchait à compenser
la perte du petit Miles.
Martine Surais est une Mrs Grose à
la voix puissante - voire parfois "envahissante" - et compose un personnage
attachant.
Les rôles de Miles et Flora
sont parfois tenus par deux enfants (c'était le cas à Aix),
plus souvent par un garçon pour Miles, et une adulte pour Flora
(comme à Bruxelles), ici, deux adultes tenaient les rôles,
et c'est fort dommage, cela portant à cinq les voix de femme soprano...
En outre, scéniquement, on a du mal à croire qu'il s'agit
d'enfants, malgré les costumes. Catherine Migeon en Miles fait tout
son possible pour être crédible, et y arrive grâce à
une voix volontairement blanche et plate, Valérie Bousquet en Flora
ne se ménage pas non plus. Cependant, les chanteuses en font beaucoup
dans le jeu, et on sent trop les "adultes-qui-jouent-à-être-des-enfants",
au point d'aller jusqu'au cabotinage.
Parfaits sont par contre la Miss Jessel
de Maria d'Aragnes, et surtout le Quint de Paul Kirby, qui possède
la voix idéale pour le rôle et dont le chant est souple et
fin. Son incarnation du personnage, séduisant et diabolique à
la fois, est très réussie. La fin de l'ouvrage met particulièrement
en valeur toutes ses qualités, et l'image de Quint quittant la scène
à contre-jour en chantant sur des vocalises évanescentes,
puis se retournant une dernière fois sur la Gouvernante et Miles,
mort, est très forte.
Pierre-Emmanuel Lephay
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