C O N C E R T S 
 
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NANCY
07/06/03

(© Opéra de Strasbourg)
Le Vaisseau Fantôme

Richard Wagner
 

Production de l'Opéra de Bordeaux
Direction musicale - Sebastian Lang-Lessing
Mise en scène - Francesca Zambello
Décors et costumes - Alison Chitty
Lumières - Rick Fischer
Chorégraphie - Alphonse Poulin

Daland - Andrew Greenan
Le Hollandais - Greer Grimsley
Le timonier - Doug Jones
Erik - Michael Myers
Mary - Sheila Nadler
Senta - Gabriele-Maria Ronge

Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy
Choeurs de l'Opéra de Nancy et de Lorraine
direction - Merion Powell

Nancy, 7 Juin 2003


C'est une production venue de Bordeaux qui nous était présentée pour clore la saison nancéienne.

La mise en scène de Francesca Zambello se veut plus évocatrice que descriptive, "nous avons créé des décors qui donnent simplement une idée des lieux évoqués par le livret" explique-t-elle. Effectivement, le plateau est dénudé, incliné vers l'avant, orné d'un plancher en son centre et ne comporte que des échelles grimpant vers les hauteurs. Si l'action se trouve concentrée sur les errements psychologiques des personnages, l'univers marin brille par son absence, et le décor évoque davantage une usine qu'un bateau... Le dénuement s'accompagne cependant de choix esthétiques des plus étranges : les personnages du premier acte tirant - ou étant tirés ? - par des cordages, bleus, qui descendent des cintres, ressemblent davantage à des sonneurs de cloches qu'à des membres d'équipage manoeuvrant les voiles. On retrouvera des cordages similaires pour le vaisseau fantôme - ils sont alors d'un rouge fluo particulièrement disgracieux - ou chez les fileuses qui, au lieu de filer, tiennent des cordages - d'un horrible jaune canari - provenant des cintres... Que font-elles exactement avec ces cordages, on n'arrive pas trop à le savoir... De même, pourquoi Senta tient-elle un cadre vide, sans toile, alors que les allusions au portrait sont nombreuses durant tout cet acte ? Sur le plan des incongruités scéniques, on retiendra aussi le fait que les femmes, après avoir appris le retour des hommes et exprimé dans un choeur leur joie et leur impatience de les retrouver, s'asseyent tranquillement sur des chaises et restent donc présentes durant toute la scène entre Senta et le Hollandais. Ce sont incontestablement les éclairages qui restent l'élément scénique le plus intéressant de la production. Ils donnent aux "apparitions" du vaisseau fantôme un relief indéniable, notamment pour le difficile dialogue entre les deux équipages - norvégien et fantôme - du troisième acte, rarement convaincant scéniquement. C'est pourtant le cas ici, où la tempête qui secoue le navire hollandais et l'irruption soudaine du choeur fantôme s'accompagnent d'es éclairages latéraux et mobiles qui projettent des ombres mouvantes sur tout le plateau. L'effet est saisissant et traduit réellement l'effroi des Norvégiens.

Musicalement, la tempête sort aussi de la fosse, où Sebastian Lang Lessing est déchaîné à la tête d'un bon Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy (mais les cors, si sollicités dans cette partition, ne sont pas des plus sûrs). Cependant, les effets sont parfois un peu trop appuyés et nuisent à la qualité d'ensemble. Les choeurs sont, à nouveau, excellents, surtout les hommes.

La distribution, quant à elle, ne laissera pas de grand souvenir. Le Daland d'Andrew Greenan est sympathique, mais il semble rapidement à bout de voix. Ce n'est pas le cas de Gabrielle-Maria Ronge (Senta), à l'organe puissant, mais qui tient trop à le faire savoir. Les aigus sont hélas limités, et ceux du duo avec le Hollandais sont particulièrement pénibles. L'Erik de Michael Myers a le côté frustre qui convient bien au personnage, mais les graves sont peu audibles. C'est le Hollandais de Greer Grimsley qui marque le plus, tant par la richesse de son timbre de baryton-basse que par son engagement scénique, mais outre les phrases de son duo a capella de son duo avec Senta, un peu graves pour sa tessiture, on aurait apprécié un chant un peu plus nuancé.
 
 
 

Pierre-Emmanuel Lephay
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