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14/12/03
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DER FLIEGENDE HOLLÄNDER Opéra romantique en trois actes
Direction musicale : James CONLON
Daland : Kristinn SIGMUNDSSON
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris Paris, Opéra Bastille
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Séance de rattrapage Pour une courte série de 5 représentations, le Vaisseau fantôme faisait son retour à Bastille dans la mise en scène de Willy Decker, créée en 2000 et reprise en 2002. Sous la baguette de James Conlon, qui officiait déjà il y a 3 ans, nous retrouvions une distribution qui ne différait de la précédente que par le rôle de Daland dans lequel la basse maison Kristinn Sigmundsson succédait à Franz Josef Selig. On prend les mêmes et on recommence en quelque sorte, mais on ne songerait pas à s'en plaindre lorsqu'il s'agit d'une telle distribution. Il n'est pas nécessaire de revenir en détail sur cette production, qui a déjà été largement commentée. Comme l'avait souligné Placido Carrerotti dans un précédent compte-rendu, le cadre dépouillé avec cette immense porte ouverte sur l'élément marin et sur toutes les fantasmagories, n'a pas dû grever lourdement le budget de l'O.N.P. Le parti consistant à placer l'ensemble de la représentation dans la demeure bourgeoise où Senta construit son univers imaginaire ne constitue pas une nouveauté, mais le traitement qui en est donné ici ne manque pas d'intelligence - à défaut d'originalité - et nous vaut quelques images réussies avec l'utilisation habile des éclairages, comme pour l'impressionnant épisode cauchemardesque du troisième acte. Certains ont été irrités par la décision du metteur en scène de renoncer à la rédemption finale. La porte se referme sur le Hollandais tandis que Senta, prisonnière de son imagination tourmentée au point de ne plus faire aucune différence entre le rêve et la réalité, se poignarde. Mais déjà une autre jeune fille apparaît, ramasse le portrait et succombe à la fascination... C'est la permanence du mythe qu'a ainsi voulu ainsi signifier Willy Decker. Je laisserai à chacun la liberté de juger la pertinence de cette option. Susan Anthony avait ouvert l'année 2003 à Paris avec sa lumineuse Impératrice, elle la clôture avec une magnifique Senta. Il m'est impossible de rester objectif à l'écoute de ce timbre aérien, de cette musicalité de tous les instants, de la pureté des aigus dardés, projetés mais jamais criés, de ces somptueux piani et plus généralement des mille nuances du chant. La soprano américaine est incontestablement l'une des meilleures titulaires du rôle à ce jour. Il en va de même d'Albert Dohmen, qui campe un Hollandais introverti et nous offre un somptueux monologue avec un timbre d'une grande plénitude et un véritable luxe de nuances. Sa fréquentation du personnage lui permet de l'habiter aujourd'hui avec conviction et efficacité, et sa musicalité le distingue des aboyeurs monolithiques qui ont trop souvent sévi dans le rôle. Il termine toutefois la représentation très fatigué. Il n'y a strictement rien à reprocher au Daland sonore et superbement timbré de Kristinn Sigmundsson, incontestablement plus à son affaire dans le répertoire wagnérien que dans le Faust de Gounod. Kim Begley possède ampleur et lyrisme et parvient à tirer parti du personnage assez ingrat d'Erik. Enfin, on a eu l'intelligence de distribuer le Pilote, comme il convient, à un véritable ténor lyrique et non comme on l'entend trop souvent à un ténorino de caractère. Mathias Zachariassen, Tamino confirmé, est le bienvenu ici. Seule la Mary trémulante et scéniquement peu adroite de Barbara Bornemann peut en définitive susciter des réserves dans cette distribution haut de gamme. James Conlon semble d'entrée décidé à lâcher les chevaux, ce qui nous vaut une ouverture assez brouillonne avec des cuivres particulièrement tonitruants. Plus d'une fois, le chef américain bouscule le tempo, jusqu'à mettre en difficulté le choeur des marins. Sa lecture reste de bout en bout assez nerveuse et désordonnée, mais il a le mérite de rester attentif aux chanteurs et de servir avec retenue les passages les plus "chambristes" de cette partition bien plus complexe qu'on ne l'imagine parfois. Une requête pour terminer : Susan
Anthony nous a confié n'avoir aucun engagement à l'O.N.P.
pour les trois saisons à venir. Pourtant, elle affirme adorer Paris
et son public, et se désole déjà de cette absence
prolongée. "Je prie tous les jours", confie-t-elle dans un sourire
en levant les yeux vers le ciel, ou peut-être plus prosaïquement
vers le bureau directorial. Si l'un de vous connaît personnellement
Dieu le Père, ou à défaut Gérard Mortier, pourrait-il
faire en sorte que ces voeux soient exaucés ?
Vincent DELOGE
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