......
|
NEW YORK
12/01/2007
© DR
Wolfgang Amadeus MOZART
DIE ZAUBERFLÖTE
(The Magic Flute - Chanté en anglais)
Livret d’Emanuel Schikenader
Tamino : Matthew Polenzani
Pamina : Lisa Milne
Papageno : Rodion Pogossov
La Reine de la Nuit : Erika Miklosa
Sarastro : Morris Robinson
Monostatos : Volker Vogel
Papagena: Monica Yunus
Première dame : Claudia Waite
Deuxième dame : Theodora Hanslowe
Troisième dame : Malin Fritz
Premier esclave: Mitchell Sandrowitz
Deuxième esclave: Dennis Williams
Troisième esclave : Roger Crouthamel
Premier esprit: Noah Weisbart
Deuxième esprit : Jesse Dembo
Troisième esprit: Garrett Eucker
Speaker: Eike Wilm Schulte
Premier prêtre : James Courtney
Second prêtre : Bernard Fitch
Premier garde : Richard Cox
Second garde : Gregory Reinhart
Direction James Levine
Production : Julie Taymor
Décors : George Tsypin
Costumes : Julie Taymor
Lumières : Donald Holder
Marionnettes : Julie Taymor & Michael Curry
Chorégraphie : Marke Dendy
Dramaturgie : David Kneuss
New-York Metropolitan Opera, 12 Janvier 2007
|
FLÛTE ENCHANTERESSE
C’est parfois des spectacles dont attendait rien que viennent les
plus grandes satisfactions. Tel est le cas de cette production de la Flûte créée en 2004 et reprise cette saison avec le même succès triomphal.
Clef de ce succès, une mise en scène d’une
imagination débordante, pleine de surprises, d’une
réelle beauté et dont on sort totalement ébloui.
Difficile de décrire un tel spectacle tant les idées
foisonnent à tout instant et avec un égal bonheur :
dragon de carnaval chinois, ours dansants en marionnette de papier,
décors tournants de plexiglas, oiseaux volants emportant les
« esprits », toute la scène est
occupée à tout instant et avec un même
bonheur : Julie Taymor vient de Broadway ; on lui doit une
extraordinaire adaptation du Roi Lion produit
par les studios Disney à laquelle collaboraient
déjà Michael Curry pour les marionnettes, mais
également Richard Hudson à qui l’on doit les
fantastiques décors de l’actuelle production de Samson et
Dalila ; elle sait conduire un spectacle sans temps mort. Rien de
gratuit pourtant dans cette approche : les trois dames ont un
double visage (masques blancs de comédie et maquillage noir)
pour figurer leur double langage, les « esprits »
incarnés par des enfants portent une barbe et s’envolent
sur une créature de cauchemar (une espèce de squelette
d’oiseau : on est loin des charmants ‘tits
z’enfants habituels), etc. Ajoutons quelques gags sans
vulgarité, jamais appuyés, quelques dialogues
réécrits, et nous obtenons une des plus savoureuse et
intelligente production qu’il soit.
Le bilan vocal est un peu plus contrasté.
Matthew Polenzani est un Tamino exceptionnel, musical sans être
mièvre, d’une aisance confondante et à la voix
particulièrement sonore (bref, bien plus à sa place
qu’en Edgardo à Bastille : ici, pas besoin de couper
des scènes entières !). Sa Pamina est moins
convaincante : une voix franche mais techniquement peu aboutie, un
peu acide. On sent indéniablement un potentiel, mais pour des
rôles plus lourds. Quant aux costumes, ils ne flattent
guère des formes généreuses.
Défauts inverses pour le Papageno de Rodion Pogossov :
acteur excellent, technique irréprochable mais moyens (et
surtout projection) un peu limités. Aucune réserve en
revanche pour la Reine de la Nuit d’Erika Miklosa, au timbre noir
et aux suraigus parfaits, vocalisant admirablement et incroyable de
présence dans ses costumes de papillon maléfique. Autre
artiste impressionnant, le Sarastro de Morris Robinson :
malgré la jeunesse du chanteur, tous les ingrédients
d’une future grande voix sont en place et nous avons là un
chanteur à suivre pour l’avenir mais déjà
pleinement satisfaisant pour ce rôle.
L’énumération de tous les autres rôles
friserait la provocation : contentons-nous de souligner la
qualité et l’homogénéité de la troupe.
Autre artisan de cette réussite, la direction de James Levine,
pétulante, enlevée et légère qui
précipite l’ouvrage dans un tourbillon musical
allié au tourbillon des images.
Au sortir de ce spectacle, nous n’avions qu’une seule envie : y retourner !
Placido Carrerotti
|
|