C O N C E R T S
 
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Paris
Opéra Bastille

03/11/2001

 
Der Zwerg

Alexander von Zemlinsky

Der Haushofmeister : Dale Duesing
Die Infantin : Mary Mills
Der Zwerg : Robert Brubaker
Ghita : Paula Delligatti
Drei Zofen :
Anna-Maria Panzarella, Louise Callinan, Delphine Haidan
Zwei Gespielinnen : Karen Wierzba, Andrea Creighton
 

L'enfant et les sortilèges

Maurice Ravel

L'enfant : Gaële Le Roi
Maman / La tasse chinoise /La libellule : Felicity Palmer
La bergère / La chauve-souris : Anna-Maria Panzarella
Le feu / Le rossignol / La princesse : Desirée Rancatore
La chatte / L'écureuil : Delphine Haidan
La chouette / Un pâtre : Louise Callinan
Une pastourelle : Karen Wierzba
Le fauteuil / Un arbre : Nicolas Cavallier
L'horloge comtoise / Le chat : Franck Leguérinel
La théière / La rainette / Le petit vieillard : Jean-Paul Fouchécourt

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Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris
Choeurs d'enfants de l'Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine
Direction James Conlon

Mise en scène, décors, costumes : Richard Jones et Antony Mc Donald
Lumières : Matthew Richardson

 


Bien que presque contemporains, il y a peu de points communs entre Der Zwerg d'Alexander Von Zemlinsky et L'enfant et les sortilèges de Maurice Ravel, que ce soit au plan musical ou au plan dramatique.

Richard Jones et Antony Mc Donald tentent un timide rapprochement à travers un joli cadre de scène en carton ondulé : au piano à gauche, Zemlinsky, plus haut, son librettiste Oscar Wilde, sur le piano à la place de la partition une photo d'Alma Schindler, qui préféra épouser Mahler que Zemlinsky, qui était plutôt laid. Au piano à droite, Ravel, plus haut, sa librettiste Colette, sur le piano à la place de la partition une photo de la mère de Ravel, morte en laissant son fils inconsolable.

Un homme au physique disgracieux et malheureux en amour raconte l'histoire d'un nain affreux dont une belle jeune fille se moque et qu'elle finit par tuer de chagrin, un autre homme qui vient de perdre sa mère décrit comme le monde est chaud et rassurant pour un enfant dans les bras de sa maman : deux oeuvres écrites pour exorciser la souffrance de leur compositeur, donc. C'est un point commun, mais c'est bien le seul. D'ailleurs, dès la disparition de ce cadre de scène, mise en scène, décors et atmosphère générale seront traités de manière totalement différente par les metteurs en scène.

Le décor de Der Zwerg représente une forêt d'asperges géantes : c'est saugrenu, mais c'est plutôt joli, d'autant plus que les éclairages les nimbent de belles couleurs selon l'heure, de l'aube au crépuscule. Les costumes sont eux d'une laideur assumée, et même revendiquée. Pourquoi pas ? l'histoire est ainsi placée dans une ambiance de conte de fée cauchemardesque.

La plus belle voix de cette première partie de soirée a été sans conteste Paula Delligatti en Ghita, le seul personnage à comprendre la souffrance du nain et à le prendre en pitié. Dale Duesing, dans un costume qui fait irrésistiblement penser à celui d'un monsieur loyal fluo, est toujours aussi parfait, vocalement et scéniquement.

L'infante interprétée par Mary Mills tripote sans arrêt ses longs cheveux - blonds, comme il se doit - se tortille, arbore un sourire béat : une parfaite caricature des bimbos qui peuplent les séries américaines dont nos chers ados sont abreuvés jusqu'à plus soif. C'est très bien vu. Sur le plan vocal, Mary Mills se défend bien, sauf dans les graves, vraiment trop sourds.

Le nain est représenté par une marionnette en smoking blanc, actionnée par le ténor Robert Brubaker en smoking noir, auquel il est lié par les pieds et les mains. Le premier frisson d'excitation passé devant la nouveauté, on est bien obligé de se rendre compte qu'il s'agit là d'une fausse bonne idée : occupé à actionner sa marionnette, le chanteur ne fait passer aucune expression sur son visage, ne rend éloquent aucun jeu de scène, pas plus, bien évidemment, que son pantin. L'action devient donc assez rapidement statique et sans vie. Vocalement, l'interprète ne connaît que les nuances forte et fortissimo. Certes, la musique s'y prête, certes, les cris de désespoir du nain voyant pour la première fois sa laideur devant un miroir sont déchirants, mais il me semble qu'un peu plus de nuances et de raffinement auraient été souhaitables.

C'est également le cas de l'Orchestre de l'Opéra de Paris, qui joue beaucoup trop fort et ne s'embarrasse pas de fignolages.

L'orchestre ne fera pas non plus grand cas des raffinements sonores dans la deuxième partie de la représentation : bien sûr, Ravel sera joué moins fort, mais "à côté" des chanteurs : on a l'impression tout du long que chef et instrumentistes exécutent leur partie sans chercher à savoir ce qui se passe sur scène. Aucune symbiose, donc, entre fosse et plateau.

La mise en scène de L'enfant et les sortilèges est jolie, amusante, et bourrée de trouvailles originales et bienvenues : la princesse coupée en deux (souvenez-vous, l'enfant a déchiré le livre !), le fauteuil et la bergère rétrécis passant sous la porte, la théière sous les traits d'un boxeur black, les pastoureaux et pastourelles du papier peint, costumés et grimés dans des tons fanés, les arbres agités par le vent, autant d'idées drôles et poétiques. Une vraie réussite !

Franck Leguérinel en horloge déboussolée ou en chat lubrique, Jean-Paul Fouchécourt en théière-boxeur, en maîtresse d'école frustrée ou en rainette amoureux de la libellule sont impayables, et vocalement très bons. Felicity Palmer est somptueuse comme à son habitude. Le reste de la distribution est un peu fade, à l'image de Désirée Rancatore, au chant joli et soigné, mais légèrement maniéré, et pas très compréhensible. Qu'importe, cette deuxième partie de soirée fut vraiment très agréable !
 
 

Catherine SCHOLLER
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