Robert ALAGNA
Live in Paris
Bizet (Carmen) : Ouverture
Mozart (Don Giovanni) : "Deh vieni alla finestra"
Rossini : "La danza"
Massenet (Le Cid) : "Ô souverain, ô juge, ô
père"
Puccini (Turandot) : "Non piangere liù"
Bizet (Carmen) : "La fleur que tu m'avais jetée"
Donizetti (L'Elisir d'amore) : "Una furtiva lagrima"
Massenet (Thaïs) : Méditation
Donizetti (Lucia di Lammermoor) : "Tombe degli avi miei"
Leoncavallo (La Bohême) : "Testa adorata"
Halevy (La Juive) : "Rachel, quand du Seigneur"
Leoncavallo (I Pagliacci) : "Vesti la giubba"
"Fenestache lucive" (traditionnel)*
Buzzi-Peccia : "Lolita" *
Leoncavallo (I Pagliacci) : "O Colombina"
De Curtis : "Senza nisciuno" *
De Curtis : "Tu ca nun chiagne" *
"Carretiere" (traditionnel) *
*Arrangements David et Frédérico Alagna
Orchestre des Concerts Lamoureux
Direction : Anton Guadagno
Enregistrement public Salle Gaveau,
Paris, les 8 et 11 janvier 2001
(Un DVD DGG)
C'est dans une salle Gaveau flambant neuf
que Roberto Alagna offrait au public parisien deux concerts en janvier
2001 dont ce DVD est le reflet. Le programme mêle habilement airs
d'opéras français et italiens extraits du répertoire
habituel du chanteur, et quelques mélodies traditionnelles napolitaines
et siciliennes.
Le récital s'ouvre sur une sérénade de Don
Giovanni peu mozartienne de style, certes, mais d'une indéniable
séduction virile. "La Danza" de Rossini, en revanche, chantée
tout en force et privée de vélocité, ne saurait convaincre
tout à fait. N'importe, l'enthousiasme communicatif du ténor
emporte sans peine l'adhésion d'un public conquis d'avance.
La suite, fort heureusement, réserve de précieux moments,
tels les airs du Cid et de La juive interprétés
avec un chic incomparable, une émotion contenue, tout en sobriété
et cette diction française impeccable qui fait de Roberto Alagna
le digne héritier de Georges Thill. Le disque nous avait déjà
révélé ces merveilles qui bénéficient
ici de l'urgence du direct. Un regret cependant, dans l'air de Don José,
le ténor ne retrouve pas tout à fait la délicatesse
et l'élégance de la version qu'il a léguée
au studio dans son premier récital où il osait le pianissimo
(écrit) sur le si bémol final.
La partie "italienne" du programme ne se hisse pas toujours sur les
mêmes sommets : on a déjà entendu des "Furtiva lagrima"
plus suaves, ne serait-ce que par... Alagna lui-même, et l'air de
Calaf (Turandot), bien peu nuancé, n'ajoute rien à
la gloire du chanteur, pas plus que le célébrissime "Vesti
la giubba" dans lequel il grossit artificiellement sa voix et ponctue sa
ligne de chant de sanglots d'un autre temps. Il est clair que cet artiste
s'égare ici dans un répertoire, certes gratifiant sur un
plan dramatique, mais qui ne convient décidément pas à
sa typologie vocale. Fort heureusement, la scène finale de Lucia
di Lammermoor et le bel air de Marcello extrait de La Bohème
de Leoncavallo nous le montrent sous son meilleur jour.
Restent les "traditionnels". Lorsqu'ils ne réalisent pas de mise
en scène sur mesure pour leur illustre frère, David et Frédérico
Alagna lui concoctent des arrangements musicaux d'airs napolitains et siciliens,
ma foi fort bien troussés. Le tenorissimo aborde ces pages
nimbées de soleil, où la joie de vivre le dispute à
la mélancolie, avec naturel et sincérité.
Au pupitre, Anton Guadagno (qui, rappelons-le, nous a quittés
en août 2002) se montre toujours attentif à son interprète,
au point d'adopter par moment des tempi parfois trop alanguis (Turandot),
voire poussifs (la Danza). Rien de rédhibitoire cependant
dans cet accompagnement efficace à défaut d'être subtil.
Mais, comme souvent dans ce genre de récital, les styles et les
époques ne sont pas vraiment différenciés. A cet égard,
la sérénade de Beppe (I Pagliacci) semblerait presque
issue de la même plume que celle de Don Giovanni !
L'ensemble est filmé sans grande recherche : gros plans de face
et de profil du chanteur alternent avec quelques travellings sur les musiciens
et plans d'ensemble pour les saluts.
En bonus, nous avons droit à une mini interview de l'artiste
ainsi qu'à un joli "clip" où il propose une version différente
de Carretiere, accompagné cette fois par ses frères
à la guitare.
Ce DVD est finalement un intéressant témoignage qui met
en évidence les différentes facettes du talent de Roberto
Alagna, mais aussi quelques uns de ses tics. Et même si l'on n'y
trouve rien qu'on ne connaisse déjà par le disque, il nous
apporte l'irremplaçable émotion du direct et la présence
physique d'un interprète chaleureux dont le charisme et l'aisance
en scène sont irrésistibles.
Christian PETER
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