VERDI
Alzira
(Philips 464 628 - 2)
Avant dernier maillon d'une intégrale
Verdi initiée au début des années 1970 par la firme
Philips sous la baguette bien peu inspirée de Lamberto Gardelli
et interrompue dans les années 1980 suite au départ de ce
dernier qui préféra continuer voire reprendre certains titres
chez d'autres éditeurs (Orfeo et Hungaroton), Alzira, qui n'est
pas une úuvre inutile et mineure comme d'aucuns se complaisent à
le répéter, méritait une autre chance que celle que
n'a pas su lui donner Gardelli en 1983 chez Orfeo. De cette première
intégrale studio, seul le Gusmano de Renato Bruson est à
retenir, Ileana Cotrubas et Francisco Araiza, bien peu aidés il
est vrai par la battue métronomique du chef, se révélant
totalement incapables de rendre justice à l'écriture risorgimentale
de l'úuvre. La version que nous propose Philips aujourd'hui est d'une toute
autre tenue. Fabio Luisi à qui nous devons déjà la
première intégrale studio de Jérusalem s'avère
en totale osmose avec l'écriture verdienne: l'exacte pulsation de
cette musique nous est enfin rendue ! Bien plus adéquate également
la distribution vocale: Marina Mescheriakova dont les prestations sur scène
divisent les mélomanes, se révèle idéale dans
ce rôle qui n'épargne à son interprète aucune
difficulté vocale; la cantatrice se jette vocalement dans la partition
avec un aplomb désarmant et sort victorieuse de l'entreprise. Ramon
Vargas, après un premier air chanté un peu scolairement,
semble se laisser gagner par l'impétuosité de sa partenaire
et livre par la suite un chant verdien de haute tenue! Paolo Gavanelli
ne peut en aucun cas souffrir la comparaison avec Renato Bruson mais sa
prestation demeure convaincante et ne démérite en rien. Les
rôles secondaires sont tenus avec efficacité! D'une manière
générale, on sent ici un véritable travail d'équipe
! Un enregistrement enthousiasmant tout comme l'était déjà
celui de Jérusalem !
A posséder absolument !
Jérôme Royer