The Art
of Cecilia BARTOLI
GF HAËNDEL
Rinaldo
1. Lascia ch'io
pianga
2. Scherzano
sul tuo volto (Avec David Daniels)
A. VIVALDI
3. Del'aura
al sussurrar, Dorilla in tempe
4. Gelido in
ogni vena, Farnace
5. Anch'il mar
par che sommerga, Bajazet
CW GLUCK
6. Di Questa
cetra in seno, Il parnaso confuso
7. Se mai senti,
La Clemenza di Tito
WA MOZART
Le nozze di
Figaro
8. Non so piu
9. Voi che sapete
Don Giovanni
10. La ci darem
la mano (Avec Bryn Terfel)
Le nozze di
Figaro
11. Un moto
di gioia, K579
Die Zauberflöte
12. Pa-pa-pa
(Avec Bryn Terfel)
G. ROSSINI
13. Nacqui all'alffano,
La Cenerentola
14. Dunque io
son, Il Barbiere di siviglia (Avec Bryn Terfel)
15. Squalida
veste, e bruna Il Turco in Italia
G. DONIZETTI
L'Elisir d'amore
16. Una parola
, o Adina (Avec Luciano Pavarotti)
G. VERDI La Traviata
17. Libiamo
ne'lieti calici (Brindisi) (Avec Luciano Pavarotti)
Cd DECCA, octobre
2002
Après "
Cecila Bartoli, a portrait" Decca nous livre le
deuxième
best of de Cecilia Bartoli. Il regroupe des extraits
des trois derniers albums studio et de certaines intégrales. On
regrettera l'absence de forts beaux moments présents dans "
La
danza" une anthologie de mélodies italiennes particulièrement
réussie, et dans le "
Chant d'amour" un magnifique ensemble
de mélodies françaises.
De "Cecilia and Bryn" les duos de Don Giovanni et de La flûte
enchantée restent très superficiels, ils sont dépourvus
de séduction et n'offrent guère de recherche dans l'interprétation
mozartienne, des reproches qui leur ont été adressés
à la sortie du disque ; mais n'est-on pas heureux de posséder
ces tubes chantés par des stars telles que Cecilia Bartoli et Bryn
Terfel ? Par contre, le duo du Barbier de Séville et l'air
de Susanna K579 relèvent de la véritable espièglerie
et du cabotinage propres à ces oeuvres.
Des intégrales d'opéra, sont extraits un "Lascia ch'io
Pianga" (Rinaldo de Haëndel) à l'émotion raffinée
et le charmant duo Almirena/Rinaldo du premier acte, un miracle de fraîcheur.
Est-il encore besoin de rappeler l'exceptionnelle qualité du Chérubin
de Bartoli ? Ses deux airs proviennent ici de l'intégrale de Claudio
Abbado : ils sont un délice pour l'auditeur.
Dans sa sélection du "Vivaldi Album" Decca a choisi d'allier
le populaire et l'expressif : l'air avec choeur "Dorilla in tempe" qui
reprend un thème des Quatro Stagioni, un sublime lamento
tiré de Farnace et un tourbillon de vocalises extrait d'Il
Tamerlano, soit des pièces somptueuses et en même temps
faciles d'accès, emblématiques d'un enregistrement acclamé
pour son originalité et sa musicalité et salué, finalement,
pour son fort potentiel commercial.
Des "Gluck Italian arias" deux airs largando démontrent,
s'il le fallait encore, que Cecilia est bien plus qu'une "machine à
vocaliser" notamment l'air de Sesto extrait de La Clemenza di Tito,
reprise de celui d'Iphigénie en Tauride : "Oh ! Malheureuse
Iphigénie". Frémissante et habitée, l'actrice y est
simplement magistrale.
Cecilia Bartoli s'est rapidement imposées par ses interprétations
de Rossini. Il nous en est proposé le meilleur : le rondo final
de La Cenerentola et l'air d'entrée de Donna Fiorilla (Il
Turco in Italia) extraits des intégrales enregistrées
par le maestro Chailly et où le mezzo italien est au sommet de son
art.
Il s'en est fallu de peu pour que le programme réussisse le mariage,
toujours difficile, entre les exigences artistiques et les impératifs
commerciaux. Malheureusement, deux enregistrement inédits, mais
d'un intérêt pour le moins discutable, viennent s'ajouter
à une sélection suffisamment éloquente : je veux parler
des duos avec le ténor Luciano Pavarotti. Voilà qui rompt
une union fragile au profit du marketing, à l'instar du texte inclus
dans la notice, un panégyrique qui semble avoir été
écrit par un fan énamouré de la diva. Decca n'a pu
s'empêcher de réunir ses deux artistes les plus vendeurs,
des Italiens éminemment populaires et toujours en activité.
Cette visée commerciale est d'autant plus frappante lorsque on observe
la date de sortie du disque, à quelques semaines des fêtes
de fin d'année.
Luciano Pavarotti a été l'un des plus grands ténors
de sa génération et je reste encore ébahi par ses
interprétations aux cotés, par exemple, de Joan Sutherland
dans le répertoire belcantiste. Certes, il est toujours capable
de remplir le Palais Omnisports de Paris Bercy pour un concert sonorisé,
mais que dire de ce Nemorino volontaire, mais braillard et d'un Alfredo
terne et à la voix tendue ? Le divo sait encore sortir des
notes face à un micro, mais ne nous offrait-il pas aussi, au temps
de sa splendeur, cette émotion, précieuse entre toutes, qui
fait tout le prix de l'art lyrique ?
Cecilia Bartoli a un ambitus phénoménalement large et
ses prises de rôle dans la tessiture de soprano, choisies avec soin
(Fiordiligi, Donna Elvira), n'ont pas été, loin s'en faut,
un échec : elles ont élargi son répertoire et offert
de nouvelles couleurs à des pages extrêmement courues. Adina
n'est peut être pas totalement pour elle, mais pourquoi s'en priverait-elle,
dans le confort des studios ? Sa composition, mutine à souhait,
balaie toutes les réticences.
On l'aura compris, le Brindisi de La Traviata s'apparente
à l'air du toréador de Carmen qu'entonnent nos grand-oncles
à la fin d'un repas dominical bien arrosé ; absolvons Cecila
Bartoli tant qu'elle nous évitera des "Cecilia and friends" et
autres "Cecilia sings Christmas"...
En conclusion, cet album offre une excellente introduction à
l'art de la diva ; c'est aussi une belle idée de cadeau si vous
désirez initier un ami à l'opéra et, en même
temps, lu permettre de découvrir une des plus grandes cantatrices
de notre époque.
Jean-Bernard
Havé
Commander ce CD sur Amazon.fr
The%20Art%20of%20Cecilia%20Bartoli<" target="_blank">