The Radiant Voice of Barbara Bonney
Composers:
Various
Artists: Barbara Bonney, Various, Various
International release: August 2001
Catalogue number:468818
Label: Decca
Il est rare que nous soyons amenés
à chanter les mérites d'une compilation ; en voici une pourtant
que je recommanderai sans réserve. Fort intelligemment composée,
elle explore tous les répertoires de prédilection de Barbara
Bonney, des brumes scandinaves aux plaines du Far West, de Purcell à
Lloyd Webber. Elle regroupe ainsi des extraits d'intégrales et de
récitals gravés entre 1986 et 1999, où la soprano
américaine est le plus souvent remarquablement accompagnée.
Un seul inédit figure au programme, mais quel inédit : une
poétique Présentation de la rose avec rien moins que Susan
Graham et le Philharmonique de Vienne sous la baguette de Christophe Eschenbach.
Radieuse, la voix de Barbara Bonney l'est assurément : une voix
d'une grande pureté, au timbre argenté, tour à tour
susurrante (l'ineffable Come again de Dowland) et allègre.
On ne sait qu'apprécier le plus dans cet instrument parfaitement
maîtrisé : la maîtrise de la ligne de chant, la variété
des couleurs, l'élégance du phrasé ou la douceur des
sonorités. Barbara Bonney excelle dans le lied - son univers de
prédilection puisqu'elle assure n'avoir fait de l'opéra que
par hasard - avec un sens du texte et une souplesse vocale exemplaires.
Elle apporte à chacune de ses interprétations chaleur et
sensualité, sans jamais pourtant rechercher l'effet. Lorsqu'elle
aborde le répertoire d'opéra, elle parvient à conférer
une personnalité attachante à chacune de ses héroïnes.
On sent alors en elle quelque chose d'angélique mais aussi une forte
détermination, et cette alliance garantit le bonheur de l'auditeur.
Si mes propos vous semblent ici confus, écoutez seulement sa Susanna
en parfait équilibre entre blancheur et perversité. D'autres
moments forts nous sont offerts avec le Stabat mater de Pergolèse
- où sa voix s'accorde à merveille avec le timbre troublant
d'Andreas Scholl -, un Ach, ich fühl's aux piani irrésistibles
et surtout la Chanson de Solveig où la voix s'envole, comme détachée
du temps et de l'espace. Le seul choix discutable est celui du duo de l'Elixir
d'amour où la soprano n'est certes pas aidée par le redoutable
Nemorino de Gösta Winbergh, mais elle reconnaît elle-même
lucidement que cet univers musical ne lui correspond pas. Les admirateurs
de Barbara Bonney auront déjà fait l'acquisition de cette
compilation, ceux qui jusqu'à maintenant sont restés insensibles
au charme de cette chanteuse succomberont certainement à son écoute.
Un mot encore : Barbara Bonney chantera cette saison Zdenka au Châtelet
et Pamina à Garnier, réservez vos places dès maintenant
pour y entendre une grande artiste au sommet de ses moyens.
Vincent
Deloge
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