Il Giardino
de Giulio
Caccini
Giulio Caccini (1551-1618)
: Tu ch'ai le penne, Amore
Muove si dolce
- Torna, deh, torna - Funeste piagge (Euridice)
A quei sospiri
ardenti - Dalla porta d'oriente
Tutto'l di piango
- Mentre che fra doglie e pene
Vaga su spin'ascosa
- Ard'il mio petto misero
Chi mi confort'
ahimè ?
Giulielmo Miniscalchi
(?-v.1620) : Amor, che deggio far ? - Parto, nel mio partir
Enrico Radesca
di Foggia (?-1625) : Si de los ojos nace
Girolamo Kapsberger
(v.1580-1651) : Pietà, di chi si more
Girolamo Frescobaldi
(1583-1643) : Donna, siam rei di morte
Giulio San Pietro
de' Negri (?-v.1610) : Pasciti pur del core
Giovanni Maria
Trabaci (v.1575-1647) : Toccata prima
Francesca Caccini
(1587-v.1640) : Io mi distruggo & ardo
Barbara Strozzi
(1619-v.1644) : Da gl'abissi del mio core
Marco Horvat, chant,
guitare baroque, lirone & direction
Olga Pitarch, chant
Eric Bellocq, théorbe
& guitare Renaissance
Bruno Caillat,
percussions
Angélique
Mauillon, harpe double
Imke David, lirone
1 CD ALPHA 043
duréee :
71'32
Giulio Caccini "Le Romain" fut un chanteur et instrumentiste très
apprécié par de grandes familles telles les Medici et les
Bardi, non seulement en Italie mais également à la cour de
France. Il arrivait même à chanter dans la tessiture de ténor
et dans celle de basse et ses talents musicaux furent bien plus fructueux
que ses désastreuses intrigues de palais qui lui valurent une réputation,
méritée, d'ignoble arriviste...
Sous le titre du Jardin de Giulio Caccini - le compositeur s'intéressait
aussi à l'horticulture - Marco Horvat nous propose quelques pièces
caractéristiques de la Renaissance finissante. Les pièces
choisies présentent des affects très différents, entre
euphorie amoureuse et sombre mélancolie et illustrent le stile
nuovo émergent de l'époque.
Sur le plan de l'interprétation, on notera immédiatement
l'indéniable maîtrise technique de Marco Horvat. Non content
de jouer admirablement du luth, ce dernier enchaîne mélismes
et autres trilles avec confiance et naturel, notamment dans "Amor, che
deggio far ?". Son timbre de voix sombre, profond et rocailleux en surprendra
d'ailleurs plus d'un. De plus, l'artiste a eu l'excellente idée
de renouer avec les pratiques de l'époque consistant à s'accompagner
lui-même et les doux accords de son luth épousent donc au
plus près la ligne de chant, permettant de fréquents changement
de tempos, afin de "coller" au plus près au texte.
"Tu ch'ai le penne, Amore", "Si de los ojos nace" ou "Mentre che fra
doglie e pene" sont donnés avec une éblouissante vivacité
sans que jamais les passagi ne constituent des étalages de
virtuosité gratuite, tandis que les instrumentistes s'en donnent
à coeur joie, insistant sur le caractère dansant de certains
morceaux jusqu'à s'enivrer de leurs propres accords. Bien que Marco
Horvat prétende avoir opté pour un continuo sobre,
ce dernier s'avère bien présent et extrêmement coloré
(notez le lirone) mais n'empiète heureusement pas trop sur
les voix. La soprano Olga Pitarch n'apparaît, hélas, que dans
quatre pièces et c'est bien dommage : son "A quei sospiri ardenti",
sorte de cri de désespoir feutré, est empli d'une douleur
insoutenable. En un mot comme en cent, c'est un enregistrement de haut
vol qui nous est offert ici. Ajoutons enfin que l'agréable notice
du disque est d'une lecture très instructive et qu'il ne reste donc
aucune excuse à ne pas visiter ce jardin mouvant où mélancolie
et joie se côtoient, avant que ne tombent les premières feuilles
jaunies par l'automne, comme autant de partitions cacciniennes qu'on eut
pu croire fanées.
Viet-Linh NGUYEN
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