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Antonio Vivaldi
Claudio MONTEVERDI
Combattimento
Il Combattimento di Tancredi e Clorinda *+§
Interrotte speranze, eterna fede *§
Ecco di dolci raggi il sol armato *
Si dolce è l'tormento *
Ohimè ch'io cado, ohimé +
Perché se m'odiavi §
Et è pur dunque vero §
Quel sguardo sdegnosetto +
Maledetto sia l'aspetto §
Più lieto il guardo §
Tempro la cetra §
Tornate, o cari baci *§
Eri già tutta mia *
Rolando Villazon, tenor *
Patrizia Ciofi, soprano +
Topi Lehtipuu, ténor §
Le Concert d'Astrée
Emmanuelle Haïm
Durée 67'28''
Enregistré à Paris en novembre 2005 et mai 2006
CD Virgin Classics 0 94636 33502 5
Combat de ténors
Depuis ses débuts discographiques, Emmanuelle Haïm n'a pas
caché son goût pour les grandes voix, avec plus ou moins
de bonheur selon les réalisations. Ici, malgré la
(luxueuse) présence de Patrizia Ciofi et Topi Lehtipuu, c'est
bien autour de Rolando Villazon qu'est pensé et conçu ce
disque Monteverdi. En plus de tenir le rôle du Testo, le
ténor mexicain se voit également attribué les plus
beaux madrigaux qui complètent un programme un rien
hétérogène.
A l'heure où les intégrales du Libro ottavo
se multiplient (Jacobs, La Venexiana et tout récemment
Alessandrini) on se demande en effet l'intérêt d'une telle
« compilation » si ce n'est pour donner à
une star l'occasion de briller dans un répertoire dans lequel on
ne l'attend pas forcément, et à ses admirateurs de
découvrir ainsi des oeuvres où s'illustrent rarement les
ténors lyriques de renommée internationale...
Pourtant, on regrettera que ce parti-pris ne soit pas totalement
assumé : il eût été autrement plus original
de confier au ténor la totalité du disque. Un Combattimento
dans lequel il se serait approprié, dans la lignée
d'Antonacci (Naïve) et Beasly (Cypres), les trois rôles
– complété de madrigaux pour voix seule. Ou du
moins un programme exclusivement constitué de duos per due tenori.
Car le miracle de ce disque – et la géniale intuition de
Haïm – est d'avoir réuni des ténors aussi
différents et complémentaires que Villazon et Lehtipuu.
Le duo Interrotte speranza, eterna fede,
magnifique plainte tout en unissons et dissonances qui ouvre le
programme, souligne cette complicité et cette
individualité vocales qu'ils parviennent à trouver.
Sublime également le Si dolce è l'tormento où
les couleurs barytonales de Villazon font merveille, entrecoupé
de remarquables ritournelles orchestrales. Face à ce chant
débordant de latinité, le ténor finlandais doit
user d'autres charmes : une voix plus claire, plus agile, une
interprétation un peu plus intériorisée, un plus
grand sens du détail là où son collègue
privilégie la vision d'ensemble.
Bien qu'irréprochable lors de ses deux interventions, Patrizia
Ciofi reste néanmoins en retrait dans un programme où
elle est largement sous-exploitée.
Reste le Combattimento en lui
même : si l'on pourra ça et là reprocher à
Emmanuelle Haïm de confondre stile concitato avec simple agitation
et à Rolando Villazon de faire parfois un peu trop de
décibels, force est de constater qu'au terme des dix-sept
minutes que durent le madrigal, on comprendra aisément le
bouleversement qu'à dû constituer cette oeuvre dans
l'évolution de la musique occidentale. Malgré ses
défauts et ses limites, parvenir à réinventer une
oeuvre aussi populaire que le Combattimento relève de l'exploit, et légitime à lui seul ce nouvel enregistrement.
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