C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
...
[ Historique des critiques CD, DVD]  [ Index des critiques CD, DVD ]
....
......
Handel oratorio arias

David Daniels, contre-ténor

Ensemble orchestral de Paris
direction John Nelson
Virgin classics 2002


David Daniels fait ce mois-ci la une de Diapason et de Gramophone ; sans nul doute le contre-ténor américain est à la mode et bien médiatisé. Ce nouveau CD ne décevra pas ses fans. Certes, le répertoire proposé met moins en valeur un tempérament de feu ou une virtuosité opératique, puisqu'il s'agit d'extraits d'oratorios. Toutefois, même dans des pages a priori moins brillantes, Daniels tire son épingle du jeu grâce à un sens dramatique très sûr. Le disque a été enregistré en septembre 2000 en l'église Notre Dame du Liban. L'ensemble orchestral de Paris peut chagriner les puristes, mais je n'ai pas été gêné par son accompagnement classique, grâce à la direction souple et vive de John Nelson qui connaît son Haendel depuis plusieurs années.
Le récital est bien composé, alternant presque toujours airs rapides et lents, variant les atmosphères. Les deux premiers extraits proviennent de Belshazzar. Le premier, en , est le seul avec trompettes : d'emblée Daniels montre autorité dans l'accent et maîtrise dans la vocalise. Le deuxième air contraste nettement avec un tempo plus lent, la tonalité de mi bémol, un accompagnement d'orgue et surtout, nous frappe par l'aisance avec laquelle le contre-ténor passe de la fougue à la méditation, épousant la diversité des affects avec une rare finesse. Les deux extraits suivants sont tirés d'Athamas dans Semele. Daniels sait chanter sur le souffle avec un magnifique legato et traduit particulièrement bien les intentions du texte (notamment sur le mot "despair"). Les airs de Didymus dans Theodora, un rôle avec lequel David Daniels remporta un triomphe à Glyndebourne en 1996 (Voir la superbe vidéo Warner), forment les quatre extraits suivants. A mon goût, il s'agit du meilleur de ce CD. Le premier permet au chanteur de déployer sa virtuosité et nous vaut un superbe aigu avant le da capo. Le deuxième est plus contemplatif, il bénéficie de belles variations dans les reprises ainsi que des trilles souvent bien battus. Le troisième ("Kind Heaven") alterne les tempi, créant de magnifiques contrastes (à noter la vélocité des violons et les inflexions idoines du contre-ténor dans "to die"). Dans le dernier extrait de Theodora, David Daniels évolue dans son troublant registre de mezzo, avec des aigus particulièrement bienvenus sur "smile". 
Le contre-ténor enchaîne avec deux airs cantabile de David, extraits de Saul. Le premier n'est accompagné que par un continuo minimal (avec orgue), mais orné de splendides mélismes sur "drank". Envoûté par le second, doux et berceur, l'auditeur pourrait bien s'assoupirÖ Pour le réveiller, le chanteur entonne un air plus vif de Jephta. David Daniels évite les poitrinages intempestifs, varie avec goût et place un beau sol dans la cadence. Après un second et suave extrait de Jephta, Daniels conclut ce récital par un grand classique : "He was despised", extrait du Messie. Dans cette longue aria, déchirante, mais tout en retenue, son interprétation se distingue par une musicalité et une simplicité idéales, sans effets déplacés. 
La carrière de David Daniels se poursuit avec éclat et intelligence ; ce nouveau récital confirme qu'il n'est pas seulement une étoile montante du chant baroque, un produit de la mode, la nouvelle coqueluche des voix masculines haut perchées, mais avant tout un musicien, sensible et formidablement doué.
 
 
Valéry Fleurquin



Commander ce CD sur  Amazon.fr
Haendel%20-%20Airs%20d'oratorios<" target="_blank">
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]