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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Davide Penitente
Oratorio
probablement sur un texte de Lorenzo da Ponte (1785)
Regina coeli, Kv. 108
Motet (1771)
Trine Wilsberg Lund, Soprano 1
Kristina Wahlin, Soprano 2
Lothar Odinius, Tenor
Immortal Bach Ensemble
Leipziger Kammerorchester
Morten Schuldt-Jensen, direction.
1 CD Naxos
Davide vaut bien une Messe !
Davide Penitente,
c’est, loin des Oratorios
« quasi-opératiques » signés
Haendel, une œuvre sans action, sans récitatifs, sans
lieux et sans personnages, qui reprend huit des dix mouvements de la Grande Messe en ut mineur
KV. 427 (plus quelques quelques pièces), car le délai
imposé à Mozart pour honorer la commande de la
Tonkünstler Societät de Vienne ne lui permettait pas de
composer entièrement un ouvrage inédit. On pourrait alors
s’interroger sur son intérêt…
brièvement. Car la question ne se pose pas longtemps : les
quelques pièces rajoutées aux larges extraits de la
« Grande Messe », doivent être
entendus ! « A te fra tanti affanni »,
décoiffant jeu de questions/réponsse entre le
ténor et les bois, l’enthousiasmant « Tra
l’oscure ombre funeste » de la première
soprano, et le trio qui suit, « Tutte le mie
speranze » sont autant de trésors d’un Mozart
qui s’apprêtait à composer ses meilleurs
opéras… et qui effectuait justement avec
« Davide Penitente » sa première
collaboration avec Lorenzo da Ponte
(car le texte n’est bien entendu pas celui de la messe) !
Ces pièces témoignent d’une compréhension et
d’une maîtrise de la voix qui atteint presque le même
niveau que celui de Cosi, Don Giovanni ou la Flûte ; ce n’est pas peu dire ! Davide Penitente occupe aussi une place à part : avec Die Schuldigkeit des ersten Gebots, Grabmusik et La Betulia Liberata, il fait partie de la petite fratrie des oratorios mozartiens. Pour toutes ces raisons, écoutons Davide Penitente !
Ecoutons aussi Morten Schuldt-Jensen !
Dynamique sans frénésie, enthousiaste sans excitation, le
chef danois, qui avait déjà signé un Requiem
chez Naxos, est idéal pour faire vivre l’œuvre sans
lui infliger une théâtralité artificielle qui ne
lui irait pas. Il anime par ailleurs un discours permanent entre les
membres du Leipziger Kammerorchester (quels bois !) et l’Immortal Bach Ensemble, très sollicité dans ce « Davide ».
Cohérente et équilibrée de bout en bout, sa
direction ferait sans doute merveille dans les opéras de Mozart,
surtout quand on entend le soutien fiable et sûr qu’elle
constitue pour les solistes.
Au nombre de trois, les solistes en question, apportent leur jeunesse
et leur fraîcheur dans l’interprétation de leurs
parties. La voix crémeuse de Trine Wilsberg Lund et la virtuosité de Kristina Wahlin
(malgré quelques graves écrasés dans
« Lungi le cure ingrate ») font bel effet,
même si l’on voudrait des timbres plus
différenciés et personnels dans le duo
« Sorgi, o Signore, e spargi », où le
mariage des couleurs que l’on attendait n’a pas lieu. Le
métal de Lothar Odinius,
enfin, donne à sa voix une couleur assez plaintive :
c’est justifié dans la première partie de
« A fra tanti affanni », mais la fin de
l’air requiert, elle, une exultation et une jubilation (Esultate, Jubilate !) qui manque, ici.
Offert en complément de programme, le Motet Regina Coeli
KV. 108 est l’œuvre d’un prodige de 15 ans !
Moins au fait de son génie que dans « Davide
Penitente », le compositeur y montrait déjà un
style très accompli, et reconnaissable entre tous : nous
sommes bel et bien chez Mozart ! De même que dans
l’opus principal du disque, la souplesse de l’orchestre et
des chœurs, la vie dans la direction de Morten Schuldt-Jensen, et
la ligne de chant très homogène (et ici très bien
mise en valeur) de Trine Wilsberg Lund, forcent l’admiration.
Clément TAILLIA
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