Natalie
DESSAY
Airs d'opéras
français
Massenet : Manon
1. "Suis-je gentille
ainsi ?"
2. "Obéissons
quand leur voix appelle"
3. "Rire toujours
?"
Thomas : Mignon
4. "Je suis Titania
la blonde"
Massenet : Chérubin
5. "Vive amour
qui rêve"
Boieldieu : La
fête du village voisin
6. "Profitez de
la vie"
Offenbach : Robinson
Crusoë
7. "Conduisez-moi
vers celui que j'adore"
Rossini : Le
Comte Ory
8. "En proie à
la tristesse"
Donizetti : La
Fille du Régiment
9. "C'en est donc
fait... Salut à la France"
Gounod : Roméo
et Juliette
10. "Ah ! Je veux
vivre"
Thomas : Hamlet
11. "A vos jeux
mes amis"
12. "Le voilà,
je crois l'entendre"
Choeur "Les Eléments"
Orchestre National
du Capitole de Toulouse
Direction :Michel
Plasson
Un CD Virgin Classics
24354 55062
"Ni tout à fait la même..."
On sait les problèmes de santé qui ont tenu Natalie Dessay
éloignée des scènes et des studios pendant plusieurs
mois et l'intervention délicate qu'elle a subie sur les cordes vocales.
On sait aussi que depuis longtemps la chanteuse souhaitait abandonner quelques-uns
des rôles qui ont fait sa gloire, tels Olympia ou La Reine de la
nuit, au profit de personnages plus consistants théâtralement.
Le 1er juillet dernier elle faisait sa rentrée à Paris,
sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées,
avec un programme que l'on retrouve en partie sur le présent CD.
Programme qui illustre la nouvelle orientation qu'elle entend donner à
sa carrière en se tournant vers des emplois résolument plus
lyriques et vers le bel canto.
Ce sont des ouvrages qui ont presque tous appartenu au répertoire
de la salle Favart - quand ils n'y ont pas été créés
- que Natalie Dessay a choisis pour ce second récital consacré
à l'opéra français. Seule exception, Hamlet
d'Ambroise Thomas, dont la grande scène d'Ophélie, déjà
présente sur le premier (EMI 1996), permet de mesurer l'évolution
de la voix en quelques années : le médium s'est étoffé
sensiblement au détriment du suraigu qui n'a plus la facilité
ni l'éclat d'autrefois. En revanche, la caractérisation du
personnage est infiniment plus subtile et approfondie et la virtuosité
-sans faille- est toujours au service de l'expression. C'est perceptible
tout au long du disque et nous vaut, dès la première plage,
une Manon au Cours-la-Reine, à la fois radieuse et mutine, mais
aussi fragile, qui laisse augurer d'une prise de rôle captivante
en fin de saison à Genève. De plus, Dessay a eu la bonne
idée de graver également le fabliau alternatif que Massenet
composa en 1890 pour Georgette Bréjean-Silver et que Beverly Sills
avait jadis ajouté en annexe à son intégrale. Cet
air d'une belle inspiration, plus nostalgique que la gavotte originale,
lui permet d'exploiter une facette plus intimiste de son talent.
De Massenet elle nous offre également la délicieuse aubade
de l'Ensolleillad, tout en demi-teintes, extraite du trop méconnu
Chérubin.
Une Juliette (Gounod) juvénile à souhait et une Philine (Mignon)
à l'abattage ébouriffant complètent ce panorama d'opéras-comiques
qui comporte deux raretés d'un intérêt non négligeable
: le charmant boléro de Madame de Ligneul dans La Fête
du village voisin de Boieldieu dont le texte "Profitez de la vie" fait
écho à celui de Manon, et surtout une page brillante, la
grande valse d'Edwige du Robinson Crusoë qu'Offenbach composa
pour la salle Favart quatorze ans avant Les Contes d'Hoffmann.
Grâce à La Somnambule de Bellini qu'elle a déjà
interprétée à Lausanne, Milan et Vienne notamment,
Natalie Dessay s'est familiarisée avec le bel canto romantique.
Elle aborde ici Donizetti et Rossini à travers deux des ouvrages
qu'ils ont composés à Paris : La Fille du régiment
convient
idéalement aux moyens actuels de la chanteuse qui incarnera bientôt
à la scène ce personnage à qui elle apporte sensibilité
et brio. En revanche, Adèle (Le Comte Ory) la pousse aux
limites de ses possibilités en lui arrachant dans la seconde partie
de l'air un ou deux aigus légèrement stridents, séquelle
sans doute de ses récents problèmes, qu'elle parviendra,
on le souhaite, à corriger avec le temps.
Au pupitre, Michel Plasson est l'accompagnateur idéal pour ce
répertoire dont il s'est fait depuis longtemps une spécialité.
Sa direction élégante et toujours raffinée n'est pas
une surprise, mais elle contribue à faire de ce récital une
référence de haut niveau, d'autant que l'orchestre du Capitole
de Toulouse et le choeur "Les Eléments" sont au-dessus de tout éloge.
Au total, si nous avons perdu une Lakmé ou une Olympia d'exception,
nous découvrons une Manon, une Juliette prometteuses... Avons-nous
gagné au change ? L'avenir le dira. Attendons que la chanteuse ait
imposé au théâtre ces nouveaux personnages pour affirmer
qu'elle a définitivement réussi sa mutation. Pour l'heure,
ce disque nous révèle une Natalie Dessay vocalement rayonnante
et heureuse de chanter, à l'image de la photo qui orne la pochette.
Son timbre reconnaissable entre tous, sa musicalité et son style
irréprochables sont demeurés intacts. "Ni tout à fait
la même ni tout à fait une autre", en somme.
Christian Peter
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