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Jean-Sébastien BACH
Cantates en dialogue
Selig ist der Mann BWV 57
Tritt auf die Glaubensbahn BWV 152
Ich geh und suche mit Verlangen BWV 49
Thomas Quasthoff, baryton-basse
Dorothea Röschmann, soprano
RIAS Kammerchor
Berliner Barock Solisten
Rainer Kussmaul
Enregistré à la Jesus-Christus-Kirche de Berlin,
en mai et juin 2007
Durée : 61’00
CD DGG 0 2894776591 2

Dialogue de sourds
En marge des différentes intégrales et des
récitals de cantates solistes, la discographie des cantates de
Bach réserve parfois quelques (bonnes) surprises. A priori,
ce disque de cantates en « dialogue » au
programme aussi rare que sublime, à l’affiche
alléchante a de quoi éveiller la curiosité de plus
d’un. Exercice délicat de ces cantates à deux voix
qui nécessitent une grande complicité musicale des
interprètes. Disque déroutant aussi pour qui a
l’habitude des grandes œuvres pour solistes, chœurs
et instrumentarium plus
fourni. Ici, seules deux voix : la basse (Jésus) dialoguant
avec la soprano (l’Ame). Un Bach beaucoup plus intimiste donc,
mais aussi plus ciselé : la polyphonie touffue laissant
place aux multiples dialogues entre les voix et les instruments
(enivrant duo basse-hautbois dans Tritt auf die Glaubensbahn).
Malgré son titre pourtant, ce disque est clairement construit autour de la personnalité de Thomas Quasthoff,
qui poursuit avec cet enregistrement son exploration de
l’œuvre vocale du Cantor. On sera à la
première écoute surpris sinon gêné par le
hiatus entre la voix homogène et claire de Thomas Quasthoff et
le timbre charnu et corsé de Dorothea Röschmann.
Pourtant, à la longue, l’idée d’un
Jésus à la voix sereine, apaisée, confiante,
répondant à une Ame un peu rebelle et par moment
indomptable ne se révèle pas tellement
déplaisante. Interprète sensible et inspirée de
Bach sous la direction de Jacobs et Koopman, Dorothea Röschmann
s’est tournée depuis vers les emplois mozartiens plus
lourds et cela se ressent ici. Malgré l’attention
portée au verbe et la ferveur de l’interprétation,
la soprano ne peut cacher une certaine dureté de
l’articulation et une lourdeur dans le chant. A
l’opposé, le baryton-basse est d’une
légèreté de timbre qui donne parfois
l’impression de survoler certains airs et de ne pas donner tout
son poids à cette musique.
Pourtant ce qui sauve ce couple, artificiellement réunit le
temps d’un disque, c’est le désir de servir une
musique face à laquelle on les sent humbles, sans soucis de
briller. C’est finalement bien peu, surtout que le soutien
orchestral est quasi inexistant, et ces rares cantates auraient
mérité un peu plus d’attention et de soin.
Sévag TACHDJIAN
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