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Gaetano Donizetti (1797-1848)
L'elisir d'amore
Opéra en deux actes
Livret de Felice Romani d'après Le philtre d'Eugène Scribe
Nemorino : Giuseppe di Stefano
Adina : Rosanna Carteri
Belcore : Giulio Fioravanti
Dulcamara : Fernando Corena
Gianettta : Silvana Zanolli
Choeur et Orchestre du Théâtre de la Scala de Milan
Direction Nino Sanzogno
Live Edimbourg 23 août 1957
ANDROMEDA
Di Stefano .... la voix du bon Dieu
Au cours de l'été 1957, la Scala de Milan effectua une
grande tournée qui, de Cologne jusqu'à Edimbourg
s'avéra triomphale. Il faut dire que Maria Callas
était du voyage et interprétait ses ultimes Somnambules
à Cologne d'abord, les 4 et 6 juillet (deux témoignages
heureusement préservés), puis au Festival d'Edimbourg du
19 au 29 août (dont trois représentations subsistent),
dans la légendaire production de Luchino Visconti.
Le 23 août, Giuseppe di Stefano, son ténor attitré, chantait L'élixir d'amour
de Donizetti pour le plus grand plaisir des spectateurs, et du
nôtre un demi-siècle plus tard. Dans une forme vocale
éblouissante, di Stefano ne fait qu'une bouchée de ce
nigaud au grand cœur de Nemorino. Ce personnage dont il connait
chaque détail lui va comme un gant et l'interpréter lui
procure un bonheur évident, qu'il sait merveilleusement
transmettre à ce public "étranger" très
réceptif, comme le confirment les éclats de rires qui
accueillent ses jeux de scène. Di Stefano chante ce
soir-là avec la voix du bon Dieu, exécutant sa partition
dans un style parfait, avec le désir d'aller au-delà des
nuances : aigus solaires (jusqu'au contre ut qui conclut le duo avec
Dulcamara à l'acte 2), notes tenues et filées, legato
suave, phrasés suspendus, qui trouvent leur point culminant dans
une "Furtiva lagrima" d'une beauté renversante. Connu pour ses
pitreries (qui, paraît-il, n'étaient pas du goût de
Visconti pendant les répétitions de la fameuse Traviata
conçue pour Callas en mai 1955), il ajoute à cette
performance, un numéro d'acteur que l'on imagine parfaitement
huilé, qui nous fait regretter certains écarts qui
contribuèrent à précipiter la chute de sa
carrière : pourquoi ces Radames, ces Calaf, ces Alvaro hors de
portée, qui l'éloignèrent
irrémédiablement de sa tessiture originale?
Son Adina, Rosanna Carteri, lui
est bien inférieure. Le charme est inexistant, les vocalises
sont laborieuses et le chant daté confine la jeune paysanne au
rang des soubrettes trop miaulantes pour faire oublier sa condition. La
jeune Renata Scotto engagée comme doublure de Maria Callas, et
qui devait remplacer la diva pour les deux Somnambules
supplémentaires, aurait idéalement convenue, comme
l'avenir le confirmera ! Giulio Fioravanti
a fière allure dans l'uniforme de Belcore, rôle qu'il
chante comme il respire, sainement et librement, auprès d'un Fernando Corena
des grands soirs, qui compose un Dulcamara au comique
irrésistible et d'une santé vocale à toute
épreuve.
La direction de Nino Sanzogno
vive, alerte, espiègle n'a qu'une prétention, celle de
faire passer au public un très agréable moment de
musique, objectif atteint sans peine.
François LESUEUR
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