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Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)
L’ENLEVEMENT AU SERAIL
Bassa Selim, Emerich Schäffer
Konstanze, Aga Winska
Blonde, Elisabeth Hellström
Belmonte, Richard Croft
Pedrillo, Bengt-Ola Morgny
Osmin, Tamas Szüle
Choeur et Orchestre du Théâtre de Cour de Drottningholm
Arnold Östman
Mise en scène, Harald Clemen
Costumes, Börie Edh
1 DVD Arthaus, 102 015
Agaçant
Agaçant ! Le genre de production que l’on adore
détester ! Je suis tiraillé ; pas franchement
objectif, pour le coup ! Deux étoiles c’est la note
politiquement correcte. Mais j’ai envie d’en mettre quatre.
C’est grave docteur ?
J’adore les productions du théâtre de Drottningholm.
J’aime l’idée d’une salle coupée du
monde, comme hors du temps et de ces vicissitudes. J’aime cette
scène de poche et ces décors qui assument tout ce
qu’ils ont de factice, de fabriqué. Le royaume du second
degré en somme. J’aime le côté à la
fois plaisamment amateur et terriblement bon enfant de cette troupe qui
habite ces quelques mètres carrés d’histoire, qui
s’amuse et nous amuse, qui vit intensément et
profondément ce qu’elle chante.
Elle vit, d’ailleurs plus qu’elle ne chante. C’est
peut-être bien là le problème. Je ne peux pas ne
pas me rendre compte que Konstanze est en délicatesse avec le
diapason (baroque) ; qu’elle chante souvent bas dans un
registre poids-plume. Je ne peux pas faire comme si je n’avais
pas entendu que Blonde est plus métallique que franchement
vocale et que Osmin est élimé aux deux bouts de sa
tessiture, sans graves et blanc d’aigu.
Je n’ai en revanche que des compliments à faire à
Richard Croft, tout jeune Belmonte, qui s’intègre sans
complexe à cette jolie feuille aux trois crayons. Et je me dois
de réserver les mêmes lauriers à l’excellent
Pedrillo de Bengt-Ola Morgny, qui a le timbre délié et le
brillant nécessaire pour en faire le revers parfait du portrait
de son maître. Une distribution sauvée par ses
ténors.
Par ses ténors et par son chef. Östman, dans Mozart est
connu pour sa trilogie Da Ponte décapante
rééditée il y a peu par DECCA. Il l’est
aussi par une Flûte véritablement magique, lumineuse et
émerveillée chez Oiseau Lyre. Le reste de son legs
mozartien nous vient justement de Drottningholm. Un legs bouillonnant
dans lequel tient tout Mozart ; sa tendresse et son
emportement ; tout son théâtre en fait. Östman
joue avec son orchestre ; il insuffle de la fosse au plateau (qui
sont bien proches, plus que jamais sans doute) une flamme
générale ; il invente des équilibres
fragiles ; il trouve des tempi
impensables, vifs-argent (le premier air de Belmonte) ; il sait
soutenir, cajoler ses chanteurs (le premier air d’Osmin), leur
tendre des écrins délicatement aprêtés. Une
éruption dans un boudoir ! Délicieux…
L’homme adore ; le critique est un peu gêné aux
entournures ! Tout dépendra du lectorat !
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