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Giuseppe VERDI (1813-1901)
ERNANI
Opéra en 2 actes
Livret de Francesco Maria Piave
D’après Victor Hugo
Production : Pier Luigi Samaritani
Costumes : Peter Hall
Lumières : Gill Wechsler
Ernani : Luciano Pavarotti
Elvira : Leona Mitchell
Don Carlo : Sherrill Milnes
Silva : Ruggero Raimondi
Giovanna : Jean Kraft
Don Riccardo : Richard Anthony
Jago : Richard Vernon
Chœur et Orchestre du Metropolitan Opera
Direction : James Levine
New-York, Metropolitan Opera, décembre 1983
DVD Decca
SOUVENIR D’UN AGE D’OR
L’Ernani de Giuseppe Verdi
est une rareté sur les scènes lyriques. C’est
pourtant l’un des opéras de jeunesse les plus excitants du
compositeur, doté d’une musique souvent inspirée,
et qui soufre essentiellement d’un livret particulièrement
rocambolesque (1). L’ouvrage exige cependant une distribution de première force capable de concilier les exigences techniques du belcanto romantique et l’énergie des opéras de jeunesse de Verdi.
Au fil des années, Luciano Pavarotti
a su faire évoluer de concert sa voix et son
répertoire : en 1983, il est clairement au zénith,
au regard des moyens exigés pour le rôle titre. Timbre
unique, teinté de bronze avec la maturité,
agilité, suraigu généreux, urgence … on se
lasserait à énumérer de toutes ses
qualités. Physiquement, l’artiste n’a pas encore
connu ces déboires de santé à
répétition qui l’amèneront quelques
années plus tard à limiter au maximum ses
déplacements. Mis en valeur par la caméra qui multiplie
les plans rapprochés, il est ici parfaitement crédible en
jeune révolté, barbe noire et sourcil froncé.
Cerise sur le gâteau, Luciano offre la version alternative du
final de l’acte II, un air et cabalette avec chœurs
écrit par Verdi pour une reprise avec le ténor Ivanov.
Rien que cette scène rarissime (sans doute jamais
redonnée sur scène avant cette soirée)
justifierait l’achat de ce DVD !
En 1983, Leona Mitchell pouvait
faire figure de second choix, ses qualités étant
éclipsées par la gloire de son aînée
Leontyne Price. Injustice flagrante : que ne donnerait-on pas
aujourd’hui pour entendre une telle voix ! Couleur, richesse
du timbre, vaillance et, plus rare, réelle agilité, font
de cette Elvira l’une des meilleures disponibles commercialement,
enregistrements « live » compris : combien
de chanteuses, excellentes sur le reste de l’ouvrage, ont
coupé ou massacré la cabalette qui suit l’air
d’entrée ! Rien de tel ici : toute la partition
est chantée avec rigueur et on ne peut guère reprocher
qu’un investissement dramatique un peu limité.
La captation arrive sans doute un peu tard pour Sherrill Milnes, quelques ports de voix pouvant irriter les maniaques de justesse. Mais quel style (legato,
tenue de souffle, …) ! Quels moyens et quelle
présence scénique ! Les vidéos de cet artiste
sont trop rares pour dédaigner celle-ci.
En Silva, Ruggero Raimondi
complète cet éventail de stars. Plus baryton que basse,
il convainc par la justesse de son interprétation et un chant
plus maîtrisé qu’à d’autres
périodes de sa carrière.
Mais il ne suffit pas d’un plateau exceptionnel pour faire une
soirée réussie et il faut louer l’énergie et
la passion de James Levine qui insuffle un véritable souffle
à cette magnifique résurrection verdienne.
La production de Pier Luigi Samaritani
allie le côté spectaculaire attendue par le public
new-yorkais de cette époque, et le goût italien le plus
sûr avec des ambiances bien contrastées entre
l’exubérance de la chambre d’Elvira ou la froideur
oppressante d’un château aux escaliers interminables.
La captation vidéo et sonore est parfaite : bref, un des meilleurs DVD de l’année !
Placido CARREROTTI
(1)
Il me revient en mémoire une représentation
théâtrale de l’ouvrage de Victor Hugo, mise en
scène et jouée par Antoine Vitez, et dont le dernier acte
s’était conclu dans l’hilarité
générale.
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