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Johann Strauss fils (1825-1899)
Die Fledermaus
(La Chauve-Souris)
Opérette en trois actes de Carl Haffner et Richard Genée
d’après le vaudeville Le Réveillon (1872)
de Henri Meilhac et Ludovic Halévy,
s’inspirant eux-mêmes
de la comédie Das Gefängnis (La Prison, 1851)
de Roderich Benedix
Adaptation du livret par Peter Weiser et Otto Schenk
Création le 5 avril 1874, au « Theater An der Wien » de Vienne
Gabriel von Eisenstein, rentier : Eberhard Wächter
Rosalinde, son épouse : Gundula Janowitz
Adele, femme de chambre de Rosalinde : Renate Holm
Alfred, professeur de chant : Waldemar Kmentt
Doktor Falke, notaire : Heinz Holecek
Frank, directeur de la prison : Erich Kunz
Prinz Orlofsky, un riche prince russe : Wolfgang Windgassen
Doktor Blind, avocat : Erich Kuchar
Frosch, geôlier : Otto Schenk (rôle parlé)
Ida, sœur d’Adele : Sylvia Lukan
« Wiener Staatsopernchor », chef des Choeurs : Norbert balatsch
« Wiener Philharmoniker », direction : Karl Böhm
Mise en scène : Otto Schenk
Décors : Jan Schlubach ; Costumes : Barbara Bilabel
Enregistrement de la bande-son à la « Sophien-Saal » de Vienne,
du 2 au 12 novembre 1971
Filmé aux « Wien Filmstudios », à Vienne,
du 24 janvier au 16 février 1972
Production de Unitel GmbH & Co. KG, Munich 1972
2004/2007 Deutsche Grammophon GmbH, Hamburg
Sous-titres anglais, français, espagnols et allemands
(seulement le texte original chanté)
DVD 00440 073 4371
(Durée 137mn.)
Une Chauve-Souris qui valse !
Voici une production de Die Fledermaus
qui « sent » bien ses années 70, heureuse
époque de respect scénique de
l’opérette…
Eberhard Wächter
est un Gabriel von Eisenstein plus vrai que nature, à
l’aise dans le chant comme dans le genre et le jeu
scénique. Même s’il ne peut prétendre au
brillant qu’une voix de ténor apporte au rôle, il
domine pourtant l’œuvre et la production
entière ! Malgré sa classe vocale reconnue, Gundula Janowitz
en Rosalinde réserve des suraigus maigres et affligés
d’un vibrato « serré »
désagréable, ce qui explique peut-être
qu’elle n’en sème pas la partition, ni même,
curieusement, à son extrême fin. Renate Holm est en
revanche une chaleureuse et solide Adele, assumant les
difficultés du rôle. On retrouve avec plaisir deux
vétérans comme Waldemar Kmentt,
le plus suave des barons tziganes, ici un Alfred très digne.
Echappant enfin aux mezzos en travesti le prince Orlofsky est un
étonnant Wolfgang Windgassen, pince-sans-rire et sobrement russe. Erich Kunz est excellent en Frank, directeur de la prison, comme fort efficaces sont Heinz Holecek en Doktor Falke et Erich Kuchar en l’avocat Doktor Blind, ou encore Sylvia Lukan dans le rôle plus secondaire d’Ida, sœur d’Adele.
La direction de Karl Böhm ne fait pas d’étincelles, même dans la célèbre polka rapide Unter Donner und Blitz :
Tonnerre et éclairs (remplaçant le ballet originel de
Johann Strauss), bien sage, dignement académique et sans
flammes. Il sert la musique sans surprise, sans espièglerie,
sans ce soupçon d’esprit viennois mais veille à une
propre et digne exécution du chef-d’œuvre de Johann
Strauss.
On remarque la coupure du charmant intermezzo-prélude du
troisième acte, basé sur la conclusion du Finale I.
Otto Schenk offre
une mise en scène pratiquement idéale en décors,
costumes et accessoires… même si des détails
choquent, comme présenter dans un cadre aussi luxueux que les
salons du prince Orlofsky, des verres vraiment ordinaires,
d’autant que la boisson et le champagne ont leur importance dans
l’histoire… A part quelques gestes familiers,
peut-être un peu poussés mais dictés par la
« fraternité » (« Bruderlein
und Schwesterlein » !) de la soirée chez le
prince, la gestuelle se situe avec bonheur dant une espièglerie
bon enfant comme le veut l’esprit viennois.
Le metteur en scène se réserve le rôle parlé
du geôlier Frosch qu’il tient avec une maîtrise digne
d’éloges : plus de gardien ivre et ridicule mais un
homme pris de boisson, certes, mais vivant une ivresse consciente, pour
ainsi dire, grave et digne : le comique n’en est que plus
réussi. Les chanteurs ont tous un jeu convaincant, on note
parfois que lors de vocalises notamment, ils ne chantent pas mais telle
est la rançon de l’opéra filmé.
Quel plaisir de les voir tous danser lors de la grande valse finale du
deuxième acte, (dans lequel il faut voir Eberhard Wächter
se démener !). On retrouve avec bonheur une joie
élégante à laquelle on n’est plus
habitué, tant les metteurs en scène
d’aujourd’hui répugnent à jouer le jeu du
brillant, un peu gratuit, mais si plaisant et chaleureux de
l’opérette !
Une fort belle réussite globale.
Yonel BULDRINI
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