......
|
SENTIMIENTO LATINO
Juan Diegà Florez
1 Alma llanera
2 Ella
3 La flor de la canela
4 El dia que me quieras
5 Granada
6 La jarra de oro
7 Princesita
8 Jurame
9 Estrellita
10 Fina estampa
11 En mi viejo San Juan
12 Siboney
13 Aquellos ojos verdes
14 Bello durmiente
15 Mexico lindo
Arrangements de Angel « Cucco » Peña,
Albert Guinovart et Juan Diego Florez
Juan Diego Florez, ténor
Daniel Binelli: bandoneon, David Galvez: guitare, Shields-Collins
Bray: piano, Mariachi de Oro, Fort Worth Symphony Orchestra, dir:
Miguel Harth-Bedoya
CD Decca 475 6932 enregistré à Fort Worth,
septembre-octobre 2004
Latino calorico
Un grand nombre de ténors hispanisants ont enregistré un
récital de ce genre : Domingo, Carreras, ou plus
récemment Alvarez et Vargas. Passage obligé pour un
ténor espagnol ou sud-américain, voici venu le tour de
Juan Diego Florez. Il faut préciser que le jeune ténor
péruvien a baigné dans cette musique et que son
père était un interprète reconnu de musique
péruvienne.
Florez fils, avant de se tourner vers l’opéra, a
chanté dans les bars de Lima, et il signe d’ailleurs ici
les arrangements de trois chansons de Chabuca Granda et d’une
chanson traditionnelle, La jarra de oro.
Ses quatre arrangements sont plutôt légers quant à
l’effectif et dansants, contrairement aux autres arrangements
plus symphoniques.
Dans ce quatrième récital pour Decca, la voix du
ténor natif de Lima est à son zénith. Charme du
timbre, suavité ou force, respiration, phrasé,
sensibilité, aigus, cette voix possède bien des atouts.
Les amateurs de contre-ut seront servis dès le premier
numéro, mais l’ut final tenu de Siboney ou celui de Mexico lindo
est particulièrement impressionnant. D’une
manière générale la voix est placée
naturellement dans l’aigu : si l’on compare par
exemple avec des chansons que l’on trouvait aussi dans
l’album de Ramon Vargas paru il y a quelques années,
Florez chante Granada et Jurame dans une tonalité plus élevée.
Nous avouerons avoir une préférence pour Alma llanera, au rythme chaloupé, pour le tango si mélancolique de Gardel El dia que me quieras,
les mélismes andalous ajoutés par Florez lors de la
reprise de Granada (un bon rossinien varie les reprises !). Il est
touchant aussi d’entendre la pointe d’accent
péruvien (que par définition n’ont pas un Vargas ou
un Alvarez) : ainsi le mot « rajo »,
« ya » ou « yo » ne sont
pas toujours prononcés à l’espagnole.
Il faut bien revenir maintenant aux arrangements : c’est
à leur sauce que le plat sera mangé. Certains sont
réussis, comme La flor de la canela, le tango argentin ou Granada déjà cités, l’arrangement original pour quintette de cordes de Estrellita. Si l’on aime la sobriété on aimera aussi l’accompagnement de Bello durmiente par la seule guitare.
Nous avouons cependant que certains arrangements de Angel
« Cucco » Peña sont difficiles à
digérer : En mi viejo San Juan et le bolero Aquellos ojos verdes soulèvent
le cœur tant ils sont sirupeux ; la sauce est trop riche et
peut « tourner » très vite à de la
musique d’ambiance pour supermarché climatisé. Dans
le genre symphonique les arrangements de Albert Guinovart sont de
meilleure facture et plus digestes. Peña
se rattrape in extremis avec le dernier morceau, prouvant qu’il
est capable d’écrire des arrangements moins
dégoulinants s’il le veut. Nous n’avons aucune
allergie à ce que cette musique soit traitée de
manière très opératique et symphonique mais il
faut se garder de tomber dans la bouillie.
Si vous aimez le « cross over », la musique
« latino » classique, les beaux timbres et les
aigus conquérants, ce disque est fait pour vous. Dans les autres
cas, évitez les calories : abstenez-vous.
Valéry Fleurquin
Commander ce CD sur Amazon.fr
|
|