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Gian-Giacomo Guelfi, baryton

Airs et duos

Gioacchino Rossini (1792-1868)

Guglielmo Tell (Guillaume Tell) : Resta immobile !

Giuseppe Verdi (1813-1901)

Nabucco : Dio di Giuda !
I due Foscari (Les deux Foscari) :
Questa è dunque l‘iniqua mercede
Attila
Uldino, a me dinanzi
Tardo per gli anni, e tremulo
Ma se fraterno vincolo
Vanitosi !... Che abbietti e dormenti
Macbeth
Perfidi ! All‘anglo contro me v‘unite !
Pietà, rispetto, amore
Luisa Miller
Sacra la scelta è d‘un consorte
Andrem, raminghi e poveri
I vespri siciliani (Les Vêpres Siciliennes) :
Qual è il tuo nome?
La forza del destino (La Force du destin) :
Invano Alvato ti celasti al mondo
Aida
Cielo ! mio padre !
Rivedrai le foreste imbalsamate
Su, dunque ! sorgete, Egizie coorti
Otello : Credo in un Dio crudel

Amilcare Ponchielli (1834-1886)
La Gioconda : O monumento !

Umberto Giordano (1867-1948)
Andrea Chenier : Nemico della patria ?!

Giacomo Puccini (1858-1924)
Tosca : Tre sbirri... Una carrozza...
La Fanciulla del West (La Fille du Far West) :
Minnie, dalla mia casa son partito

Myto records – 00156




La brute, la brute et le truand


Qu’est ce que c’est au fond qu’un baryton verdien sinon une brute sanguinaire, un marquis lubrique, un père indigne, un niais passif-agressif, un caporal assoiffé de sang ? C’est parfois un Roi vicieux, un traître débonnaire, un comte fratricide, un bossu revanchard, un obèse porté sur le goulot et la gaudriole, un révolutionnaire qui veut que les têtes roulent. Qu’attendre d’un chanteur qui chausserait ces bottes malodorantes si ce n’est une voix grande et impétueuse, une tonalité bête et brutale, des décibels en veux-tu-en-voilà ? Rien ; cela suffit amplement.

Gian Giacomo Guelfi s’essaie d’abord à des études juridiques avant de se tourner vers le chant. La découverte du matériau brut qui sommeille au fond de ce gosier a dû être pour son professeur, le vaillant Titta Ruffo, une surprise délicieuse. Quel organe ample et sombre, quelle puissance s’envole de cette galette ! Que d’harmoniques ! De nos jours, une telle voix ferait fureur. Mais Guelfi était le contemporain du divin Ettore Bastianini et trouvait en ce dernier un concurrent redoutable, de quoi le reléguer au second rang. Or à l’heure où Bastinini rendait prématurément son dernier souffle, âgé de 44 ans, la carrière de Guelfi – elle – entamait son dernier tournant. Cruauté des circonstances qui fit que ce chanteur remarquable passa sa vie dans l’ombre de son rival et ne fut jamais servi qu’en second.

Le présent enregistrement se construit en dents de scie. Le meilleur y côtoie le pire. La plage inaugurale, Resta immobile de Guglielmo Tell est un enchantement, le grand baryton y fait montre de toute sa sensibilité et d’une musicalité à fleur de peau. Le timbre somptueux de baryton basse s’allonge nonchalamment sur toute la ligne mélodique et semble se prélasser sur ce reposoir qu’on croirait façonné pour lui. Le Dio di Gudia qui suit est indigne d’un enregistrement commercial, tant l’intonation de Guelfi y est à la peine : insupportable ! S’en suit un air des Due Foscari, pas franchement emballant et des extraits d’Attila dans lesquels la présence statuaire de Boris Christoff ne laisse pas la moindre chance à son comparse, complètement effacé. Macbeth revoit le baryton dans son meilleur élément, le Perfidi ! All‘anglo contro me v‘unite ! est l’un des plus fervents de la discographie ; la plainte du Roi d’Ecosse est ample, majestueuse, désespérée. Luisa Miller vaut aussi le déplacement, malgré une Elena Suliotis complètement hors de propos dont le timbre anémique n’est pas sans rappeler celui d’un boy soprano souffrant de leucémie. Deux duos avec Franco Corelli (les Vespri et la Forza) tournent incontestablement le projecteur vers le ténor, celui-ci ponctue d’ailleurs son duo des Vêpres d’un impressionnant contre-ut. Les pièces véristes sont de très belle tenue, en particulier Chénier et La Gioconda

Un mot tout de même sur le travail éditorial de Myto qui flirte dangereusement avec la nullité absolue. Il n’est nulle part fait mention des dates d’enregistrement, ni des théâtres où lesdits enregistrements ont été effectués, ni des chefs et encore moins des orchestres. L’ouverture du booklet est l’occasion d’une belle déception : deux pages de tracklist, pas de commentaire musicologique, pas de biographie. Le strict minimum. Or quand dans Su, dunque ! sorgete, Egizie coorti de Aïda, une bronca monstrueuse éclate sans que rien ne semble l’appeler, un petit mot de l’éditeur ne serait pas de trop, histoire de rassasier la curiosité de l’auditeur qui a investi 11,20 € dans l’achat de la galette.

Cela étant dit, les amoureux de Gian Giacomo Guelfi trouveront dans cette compilation de quoi étaler un baume apaisant sur leur cœur de fan, souvent méprisé. Ceux qui, comme moi, s’attendaient à la révélation d’un immense talent resteront légèrement sur leur faim.  


Hélène MANTE



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